(not) another heroic fantazy novel

another heroic fantazy novel (not) - Arts & Lecture - Discussions

Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:05:37    

voilà chose promize chose due. Ceci n'étant qu'un premier jet et évoluera au fil des suggestions de tout bord. et encore que. Si je veux. Donc voilà un prologue, parce qu'il faut toujours un prologue à ce genre de truc.
je demande expressémment aux modos de ne pas clore le topic pour "topikalakon" vu que pour moi il s'agit en outre de faire un pastiche des dernières proseries de cette sub'cat' mais en outre de faire un travail a part entière sur l'héroic fantazy.
 

Citation :


Prologue  
   
                               C’est dingue le nombre de chose auxquelles on peut penser quand on se trouve ligoté et torturé par un lézard vert coiffé d’une sorte de passoire sur laquelle on aurait greffé deux boudins blancs.    
Dans le désordre.  
             Le nombre de fois qu’on a incendié un énième écrivain prépubère d’ « héroic fantazy » qui pondait sa prose en travers des forums internet. Trop occupés à refaire et à reprendre les écrits des Maîtres du genre, ils ont oublié de préciser certaines notions essentielles. La durée de survie d’un Humain à l’épreuve du Sougounaize, sorte de basket croisé à un ballon prisonnier mais avec humain à la place du ballon. Les points faibles d’un Bazeloche, lézard croisé à un cheval et un Hell’s Angels. Comment se défaire de liens en acier, assommer trois gardiens, descendre les six étages d’un château garnis de reptiles armés jusqu’aux dents sans se faire remarquer. Passer sous le nez du dragon qui stationne en double file à la sortie du château. Rejoindre Erzeline, princesse Glutaudière (branche Arnodule de la Carataindrie) emprisonnée douze pieds sous terre par l’infâme Jean Pierre Razemonche (prononcer « Razemonceu car en patois local le H est un h muet, dit « curaudinien » »), héritier de la caste des Mages Pas Clairs de Vallanchaise.  
   
          Trouver – et si possible détruire – la Cloupiotte qui se trouve enchâssée sous soixante mètres de banquise. Sachant qu’une armée de quatre cent soixante-douze mille six cent quarante-trois Bazeloches ( sans compter l’intendance et les dix à vingt mille mercenaires Leubouzards, Fondelèches (venues des plaines d’Altalie du Sud) et autres Carquefaires de passage qui se sont joints à la troupe histoire de récupérer des miettes d’Histoire ), tout ce beau monde nourri au yaourt zéro pour cent depuis trois semaines, est en mouvement dans les parages et sera prêt à fondre sur vous dans les six heures, que vous n’avez aucune idée de ce à quoi peut bien servir une Cloupiotte, que si Jean-Pierre le trouve, c’est pasteurisation garantie pour Trifouillle et ses habitants, que vous êtes l’unique espoir de tout un peuple, que vous avez perdu les clés de votre appartement, calculez vos chances de survie. Si elles dépassent le quart d’heure, vous êtes optimiste.  
   
 « Boudin Blanc » s’approcha de moi. Son haleine manquait de peu de me faire perdre connaissance.    
  - Ah ah ! Alors voilà leur Sauveur ! dit-il en éclatant de rire.  
Mon talent ne sera reconnu qu’après ma mort.  
  - Ecoute-moi bien Créature. Nous tenons la princesse Erzelina. Nos armées assiègent Trifouille-ville. D’ici demain, nous possèderons la Cloupiotte. D’ici deux jours la Trifouillie toute entière sera à nous. Pourquoi s’obstiner pauvre Créature ? Votre combat est voué à l’échec, vos races ont été vouées à l’échec. Vous n’avez jamais été digne de vivre !  
  - Et mon cul, c’est du Kentucky Fried Chicken ?
 


 
chap1
 

Citation :


chapitre 1. Où l'on fait connaissance avec Sébastien Liébert.  
 
1  Paris boulevard Sébastopol  17h34  12 décembre 2004    
   
   
   Journée de merde.  
   De toute façon je n’ai jamais été foutu de garder un boulot plus de soixante-douze heures de suite. J’avais atteint soixante et onze. J’étais satisfait de moi. Un soixante m’aurait déçu, un cinquante une honte mais un soixante et onze, ça restait du domaine de la fierté.  
   
 Non cette fois je n’avais fait aucune erreur d’inventaire, ni tenté un rapprochement diplomatiquogénital avec une quelconque serveuse, ni créé un syndicat autonome, non pour une fois je n’avais rien fait de très exceptionnel. Ça ternissait même mon record. Peut-être je devrais faire demi-tour, insulter le gérant, piquer dans la caisse, renverser quelques rayonnages. Non se faire attraper en train de surfer sur Internet depuis le portable du patron dans son bureau, c’est presque pas un exploit surtout quand ce n’était même pas pour télécharger des vidéos et photos qui réveilleraient un comateux végétatif.  
 Une fois de plus j’expliquais que l’héroïc-fantasy n’est pas un genre fourre-tout au même titre que peut l’être le tiroir du bas dans une commode bon marché. Chaque semaine, nous subissions sur notre forum l’invasion quasi cyclique de deux ou trois prosards en mal de talent qui s’épanchaient en combats de trolls, des quêtes de jenesaisquoi de fabuleux et mystique, le tout accompagné de châteaux dans le brouillard, de joyaux maudits, d’épée sanguinolente qui se fichait dans des crânes. L’inventaire classique. Trop classique. Les premiers amusaient, sincèrement. Mais maintenant l’énième tour de piste du Tolkien Circus finissait par donner des mots de tête. Au bout du second paragraphe, on avait envie de faire avaler l’intégrale du Seigneur des Anneaux (appendice compris) à l’impétrant.  
   
 « Minute j’ai pas fini ».  
Mon boss me considéra du regard comme si j’étais en train de fourailler l’arrière train d’un ours polaire dans son bureau. Ou peut-être était-ce le ton que j’avais employé. J’étais dans SON bureau, sur SON ordinateur alors que quatre clients attendaient près de MA caisse. L’instant suivant, je planais au dessus des escaliers, et réussissais un atterrissage parfait au milieu des perruques et des implants. De toute façon, la vente en gros de produits capillaires, je ne me voyais pas m’y faire un nom. « Chez Liébert, tout pour les cheveux » ?  Je préfère encore finir fonctionnaire.  
   
 Dehors la nuit tombait. On avait déjà mis en place toute la décoration de Noël. Deux gamines s’émerveillaient devant une devanture de cosmétique, de façon si caricaturale qu’on avait envie de les saisir chacune et de les aplatir jusqu'à ce qu'elles aient recouvert la totalité de la vitrine. Le boulevard saturait, dégueulait de tous les côtés. Des automobilistes avaient fini par chevaucher la bordure du couloir de bus et un gus venait de mettre sa voiture en travers pour bloquer les taxis. Etranger à ce spectacle en particulier et à la vie en général je marchais vers les Halles quand quelque chose se posa derrière moi.  
   
 Journée de merde.


 
chapitre 2

Citation :


Où l'on voit Liébert s'envoyer en l'air  
 
chapitre Deux  
 
 
Citation :
2 Boulevard Sébastopol 17h37  
 
  Les Gargelouzes se font plutôt rare de nos jours. La plupart ont été exterminés bien avant le Soixante-douzième Age, lorsque leur peau est devenue monnaie d’échange officielle. Pas de bol. Aujourd’hui on en compte dix-sept, éparpillés dans les différentes écuries royales des Glutaudières. Contempler un Gargelouze se laisser porter par les vents dominants avant d’amorcer une descente vers un atterrissage reste un spectacle hors du commun. Malgré sa taille imposante, il demeure une grâce, une allure – c’est un moment presque reposant.  
 
 Le Gargelouze que j’admirais venait de se poser au milieu du trottoir du boulevard Sébastopol, juste derrière moi. Il replia ses ailes sous son ventre pelé et poussa un cri rauque. Quelqu’un le chevauchait, pointant vers moi un bâton surmonté d’un cristal. Les passants ne semblaient pas particulièrement attiré par le spectacle. Sans doute l’énième avatar d’un cirque en mal de promotion. Il en faut plus pour faire sortir de ses gonds un Parisien. Deux touristes japonais allèrent se placer près de la bête pour se faire photographier – un coup de queue les envoya sur le trottoir d’en face. Pesamment, le Gargelouze s’avançait vers moi. Son pilote me tenait toujours en joue. Je tournais les talons, comme si de rien n’était, puis j’accélérais le pas. Le Gargelouze réglait son pas sur le mien. J’entendais son conducteur lui dire des ordres dans une langue étrange que curieusement je comprenais.  
 
 Les voitures commençaient à ralentir pour profiter du spectacle. On sortait des magasins, sur les balcons, on empoignait les caméscopes. J’entendais déjà les « Ce Liébert, toujours à vouloir faire son interessant, ça devient n’importe quoi ! »Les bonds du Gargelouze pour revenir à ma hauteur ébranlaient tout le 3ème arrondissement. Je battais des records de vitesse personnels qui m’aurait valu toute l’estime de mon professeur de lycée qui m’affirmait n’avoir jamais vu mon égal même chez les handisports. Je n’avais pas couru aussi vite depuis qu’une douzaine de CRS m’avait coursé pensant tenir le responsable du cocktail Molotov qui venait de réduire en cendres leur minibus – et pour une fois, ils avaient tort.  
 Sentant que la bestiole se rapprochait et perdait patience, je relevais le niveau de difficulté et obliquait droit dans la circulation automobile. Si certains se contentaient de piler et de m’envoyer une bordée d’injures gratinée, d’autres avaient remarqué l’éléphant chauve-souris juste derrière moi et repartaient en marche arrière – ça reculait sec jusqu'à Saint Michel. L’animal déploya ses ailes et plana quelques secondes au-dessus de la chaussée avant de retomber quelques mètres derrière moi. Ma course devenait chaotique. J’allais m’aplatir sur le pare-brise d’un taxi avant de rebondir sur l’aile d’une berline sous-cotée à l’argus.  
 Je titubais au milieu de la chaussée, sans remarquer la camionnette qui faisant abstraction des passants affolés, automobilistes paniqués ( un gus alla faire demi tour dans les vitrines d’un magasin), des touristes filmant au plus près l’action, d’un motard de la police qui coursait la bestiole (le pv méritera d’être lu) fonçait dans le tas pour éviter un détour par la rue Rivoli. Je jetais un regard vers la calandre contre laquelle j’allais me compresser façon César quand deux bras me saisirent les épaules et me décollèrent du bitume. Dans un mouvement énergique, le pilote me colla sur le siège arrière de son Gargelouze. Et je constatais que mon pilote était une pilote.  
 
 On survola d’abord Chatelet puis la Seine avant de prendre de l’altitude, pendant que je dégobillais sur trois arrondissements à la fois et que mes clés se faisaient la malle à la verticale de Montrouge.  
  - Attends, repose moi, je crois que je viens de faire tomber mes clés…  
  - Pas le temps, dit-elle. Nous sommes déjà en retard !  
Ah. Parce que maintenant c’est « Nous » ?  
 Elle éleva son bâton et son cristal illumina la nuit. Le Gargelouze semblait prendre de la vitesse. Au loin un puissant éclair déchira la nuit mais ne se dissipa pas. On aurait dit l’entrebâillement d’une porte. La lumière se faisait de plus en plus forte, me brûlant les yeux. Le Gargelouze plongeait tout entier dans le brasier. Il me sembla que quelqu’un jouait au billard avec mes atomes. J’étais éparpillé. Mais serein. Je ne pensais plus à rien. Plus de Gargelouze. Plus de vol plané. Plus de soucis de clés. Plus de Magali, plus de Julie et plus de Caroline. Plus de loyer impayé. Plus rien.  
 
        Ah non finalement je vais garder Caroline.


Message édité par meriadeck le 23-11-2004 à 17:33:23

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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:05:37   

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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:08:30    

chapitre 3

Citation :


Trifouilles-ville Trifouille 123ème Age ¼ dans l’après midi.  
 
 
         Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque la Dumbo Airline me lâcha sur le balcon du palais des Rois Glutaudières, situé sur un léger promontoire rocheux, dominant la cité de Trifouille-ville, capitale des terres libres de Trifouillie.  
       Jadis, les rois de Trifouille avaient la baraka. Les impôts et les tributs perçus arrivaient par charrettes. Aucun prince de province éloignée n’aurait osé lever le petit doigt contre un souverain Glutaudière sous peine de voir son peuple démembré, éparpillé, déporté vers les terres d’Hougin et châtiment ultime, son existence même rayée des pages des Grands Livres des Sages.  
 Mais c’était avant.  
Avant que le Grand Marasme ne frappe les terres du Sud, que les populations ne viennent en masse trouver refuge sur les terres Glutaudières. Les armées alliées ne purent contenir les Margenoules, ivres de sang et d’or qui déferlèrent sur les villages. Aujourd’hui encore on peut voir les traces des combats dans la nature et dans certaines villes – la Nature cicatrise moins bien que la mémoire de l’Homme. Plusieurs âges s’étaient écoulés et plus personne ne se souvenait des hurlements des malheureux que les Margenoules jetaient vivant dans les chaudrons en guise d’apéritif.  
      Au Nord se trouvait la Province des Droumont, habiles cultivateurs. A l’Ouest s’élevait la cité des Achefériens, très grands techniciens mais peu sociables. Ils vivaient reclus et ne sortaient que lors des foires annuelles. Vers l’Est on comptait quelques tribus, des bûcherons pour la plupart qui oeuvraient dans les forêts de Garfeneuze.  Le Sud était le domaine des Mazenazes,  qui tiraient leur fortune de leurs mines. Un équilibre précaire unifiait ses peuples, rassemblés autour des Glutaudières, et de leur cité, Trifouille-Ville.  
 
      Mais aujourd’hui, de nouveau, quelque chose s’agitait sur la bordure Ouest. Les rumeurs parlaient de Bazeloches, descendants des Margenoules, en grand nombre quittant leur terre du Nord, se rassemblant et marchant vers l’Ouest, d’un mage levant une armée. N’importe quel Trifouillard vous dira que ça sent plutôt mauvais et vous conseillera de charger femmes, maîtresses, enfants et porcs dans la charrette et de mettre cap au Sud. Etait-ce les prémices du Grand Foutoir, annoncé par les prophéties ?  
 
      « Ouais ouais ouais, c’est très joli, bien tourné, sisi vous avez du talent j’insiste, mais juste, qu’est-ce que je viens faire là dedans ? » demandais-je.  
      Dès mon arrivée, on m’avait conduit auprès de ce qui devait être le grand patron. De nombreux courtisans avaient pris place dans la salle, les commentaires fusaient. J’y retrouvais ma pilote de Gargelouze qui avait revêtue une robe de taffetas et se tenait derrière le trône royale. Un page tenant plusieurs rouleaux de parchemins avait pris place à son tour et venait de terminer  son « Histoire Abrégée de Trifouillie ».  
  - Vous ne semblez pas comprendre, fit le Roi, peinant se soulever de son fauteuil en réponse à ma question.  
       La prophétie affirmait que seul un Homme de Polaris pourrait éviter la destruction totale de Terre de Trifouillie. Mais il  faudrait faire une brèche entre les deux Mondes pour permettre d’aller le trouver. La prophétie donnait en outre toutes les coordonnées pour le situer et le rapatrier. Les Sages avaient longuement calculé et déchiffré. Pour eux, j’étais le Sauveur, l’Unique, l’Elu. Le Seul  qui pourrait s’emparer de la Cloupiotte et repousser l’Ennemi jusqu’aux Ravins de la Perdition.  
   - Vous ne semblez pas comprendre… Nous avons besoin de vous, dit le vieillard, secoué par une quinte de toux.  
  - Ecoutez, il y avait beaucoup de monde sur le boulevard…. Ça pourrait être n’importe qui, objectais-je. Votre Sauveur a peut-être raté son métro, son bus…  
   - Liébert vous devenez agaçant, lâcha la Princesse sur un ton à mettre une bordée de bidasses au garde à vous.  
   - Votre Honneur, votre Altesse, au choix je sais pas, Vous débarquez chez moi sans prévenir, me kidnappez, m’amenez ici sans autres explications et pour au final me signifier que je dois sauver je ne sais quoi de je ne sais quel Gros Bordel…Sérieusement, vous m’avez regardé ? Je ne suis même pas foutu de lire un plan de métro !  
 
      Le silence se fit. Le roi secoua la tête tandis que des sanglots éclatèrent dans l’assistance.  
  - Je rentre chez moi, concluais-je. Et essayez les petites annonces, faites un casting « On recherche Sauveur du Monde CDI temps plein ». Avec un peu de chance vous tomberez sur la bonne personne…  
Je n’avais pas fini ma phrase que la princesse descendit prestement de la tribune, me collant deux baffes qui résonnèrent jusque dans la cour du Palais.  
  - Vous êtes une ordure, ajouta-t-elle.  
  - On n’est pas encore assez intime pour que vous m’appeliez par mon prénom.  
Elle me désigna du regard le public massé autour de nous.  
  - Ces gens n’ont plus que vous comme espoir. Dans trois jours la ville sera encerclée.  
  - C’est votre ville, votre monde, vos emmerdes. Je ne vois pas en quoi ça me concerne.  
  - Laisse le partir, Erzeline, dit le vieillard. Il a peut-être raison. Peut-être que nos calculs sont faux.  
      Elle serra les poings. Elle m’aurait giflé assurément, jusqu’à que mort s’ensuive. Avec un peu d’entraînement, il y a des trucs qu’on peut lire sans difficultés dans les yeux d’une fille. L’amour, la haine, l’indifférence, passe-moi le sel, pas ce soir, c’était qui cette fille ? Dans l’immédiat Erzeline n’aurait pas rechigné quant à me faire piétiner par son Gargelouze puis me jeter par-dessus les murailles de la ville. Et me piétiner de nouveau.  
   
             En sortant je demandais à un garde le bar le plus proche et descendais les marches de marbres du palais menant au porte de la cité. Pourquoi sauver quelque chose auquel on n’appartient pas, auquel on n’a jamais appartenu ? Qui étaient ces gens qui se baissaient presque devant mon passage – je repoussais un gus qui voulait m’embrasser les pieds. Un autre me proposait d’acheter mon caleçon. Je du jouer des bras pour atteindre le bar. Je commandais un tonneau de bière, de quoi tenir la soirée et m’installais dans le fond. J’avais connu des moments d’égarement mais là on touchait au psychiatrique. Jusqu’ici j’avais pris ça comme un mauvais rêve, et au fond de moi, je priais presque pour qu’il en soit ainsi.


 
chapitre 4
 

Citation :


4  Bar « Le Joyeux Hobbit » 17h00 Trifouilles-Ville.  
 
            Je cuvais. Je fermentais. L’irruption d’un essaim de Gargelouzes miniatures survolant le comptoir puis piquant du nez, enfin de la trompe, pour terroriser les consommateurs du bar, ne m’aurait pas étonné outre mesure. Je voyais déjà les Unes du lendemain «LE SAUVEUR SE SAOULE ET AGRESSE UNE SERVEUSE / PLUSIEURS AGENTS BLESSES EN TENTANT DE LE MAÎTRISER » « SCANDALE : L’ELU N’EST QU’UN IVROGNE / LE GOUVERNEMENT TENTE D’ETOUFFER L’AFFAIRE ». Je revenais pour la sixième fois des toilettes quand  la foule envahit la rue. Sans doute un autre Sauveur que Air Pinder aura ramassé sur un autre trottoir parisien. Je me frayais un passage pour saluer l’heureux Elu et si possible réserver mon billet pour le vol retour. Je me retrouvais face à un détachement de cavaliers, lourdement armés, dont Erzeline ouvrait la marche. Elle stoppa son cheval.  
    - Nous ne pouvons plus attendre, dit-elle. Nous partons ce soir. Avec ou sans vous.  
    - Bon courage.  
       La troupe se remit en marche vers les murailles et la Grande Porte. De chaque côté de la chaussée, les villageois jetaient des rameaux d’olivier et recouvraient les chevaux d’huile sacrée – chacun son Saint Christophe. Certains cavaliers déposaient près de la Porte leur femme et leurs enfants qu’ils avaient amené symboliquement jusque là. Les portes s’ouvrirent sur les ténèbres et les chevaux marquèrent le pas. Erzeline se retourna un instant vers moi. Je levais mon verre et le vidais d’un trait. Puis le cortège s’élança au galop, soulevant la poussière. Certains restèrent quelques minutes, priant, sanglotant en choeurs.  
 
       Je retournais au bar et m’installais au zinc. Par réflexe, le serveur me collait une chope sous le nez. Je contemplais le Barnum autour de moi. Des Nains, des Elfs, des Pleuzugles, des Zeubernes et quinze autres ethnies qui ont envoyé ici leurs ambassadeurs respectifs en beuveries et soûleries. Je suis ici entre confrères.  
    - Vous vous y connaissez en Gargelouze ? demandais-je au serveur.  
    - ‘Se font plutôt rare de nos jours. Quasiment tous exterminés bien avant le Soixante-douzième Age, lorsque leur peau est devenue monnaie d’échange officielle…  
    - Pas de bol.  
    - Aujourd’hui on en compte dix-sept, éparpillés dans les différentes écuries royales.  
    - Vous connaissez quelqu’un qui pilote….conduit… ce genre d’engin…d’animal… ?  
Le serveur se posa devant moi, silencieux, sentencieux.  
    - Seuls les membres de la famille royale peuvent retro-domestiquer un Gargelouze.  
Je ne sais pas, quelque part, je la sentais venir celle-là.  
    - On ne monte pas un Gargelouze comme un cheval, continua-t-il. Et la seule personne qui pouvait vous aider vient de quitter la ville – oui c’est Elle, ajouta-t-il en réponse à mon hoquet.  
       Je vidais ma bière et tombais à la renverse, comme une pierre. Deux clients-nains voulurent me relever. Non-merci, laissez-moi, je suis très bien, en paix avec moi-même, j’ai juste besoin de faire un peu le point quelques minutes, quelques heures. Je pense à Zoé, pourquoi je pense à Zoé, je suis allongé sur le plancher, immobile, les clients vont et viennent, m’enjambent, s’excusent. Zoé. Gargelouze. Bazeloches. Erzeline. Zoé.  
       J’avais rendez-vous avec Zoé.


Message édité par meriadeck le 23-11-2004 à 17:37:40

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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:11:34    

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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:28:21    

meriadeck a écrit :

voilà chose promize chose due. Ceci n'étant qu'un premier jet et évoluera au fil des suggestions de tout bord. et encore que. Si je veux. Donc voilà un prologue, parce qu'il faut toujours un prologue à ce genre de truc.
je demande expressémment aux modos de ne pas clore le topic pour "topikalakon" vu que pour moi il s'agit en outre de faire un pastiche des dernières proseries de cette sub'cat' mais en outre de faire un travail a part entière sur l'héroic fantazy.

Les énormes fautes de grammaire/conjugaison tu veux ou pas?


Message édité par zurman le 13-11-2004 à 23:28:31
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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:29:42    

j'aime bien ton style, et me propose comme volontaire pour te lire (je l'avais deja fait avant), mais juste un truc qui me choque, c'est le mésemploi du participe passé.
 
 
ex on dit j'ai mangé, pas "j'ai manger".
 
désolée [:cupra]

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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:30:44    


 
Moi aussi   :ange: (malgré effectivement quelques fautes de grammaire)


Message édité par Eudrep le 13-11-2004 à 23:32:17
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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:32:41    

zurman a écrit :

Les énormes fautes de grammaire/conjugaison tu veux ou pas?

je veux. j'écris comme je parle. donc ça a tendance a etre assez peu proche des regles d'usage grammaticales. :jap:


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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:33:59    

cassebrik a écrit :

j'aime bien ton style, et me propose comme volontaire pour te lire (je l'avais deja fait avant), mais juste un truc qui me choque, c'est le mésemploi du participe passé.
 
 
ex on dit j'ai mangé, pas "j'ai manger".
 
désolée [:cupra]

vi merci. et des fois si vous sentez qu'il manque un mot dites le, j'ai tendance a écrire assez vite et des fois je zappe un mot, un déterminant. c'est le genre de chose qui gache un texte. :pfff:


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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:36:55    

Vu que c'est meriadeck (gage de qualitaÿ), juste un drapal. Je me promets de lire ça demain  :jap:


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Mangeons de la viande (et nos amis pour la vie) ! Prenons l'avion ! Partons en vacances très loin ! Achetons des trucs venus du bout du monde ! Chauffons-nous à fond ! Utilisons plein d'électricité ! Changeons de malinphone le plus souvent possible !
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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:38:41    

LooSHA a écrit :

Vu que c'est meriadeck (gage de qualitaÿ), juste un drapal. Je me promets de lire ça demain  :jap:


 
NOTE DE MERIADECK : penser a ecrire une graude daube néo-fachiste sous l'intulé " ma plus grand oeuvre"


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The Toast, un docu-fiction qui teste la loi de murphy et les films en carton
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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:38:41   

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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:38:56    

moi je met drapal (meme si t'aime pas rei, je suis pas rancunier)


Message édité par Xzero le 13-11-2004 à 23:39:21
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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:41:53    

meriadeck a écrit :

je veux. j'écris comme je parle. donc ça a tendance a etre assez peu proche des regles d'usage grammaticales. :jap:

Ok :jap:

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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:42:19    

moi aussi chui fan du style [:god] (par contre, gros detail mais bizarrement ca m'a cassé la lecture, le "yaourght a zero pour cent". Sais pas pourquoi, mais a 0% m'aurait semblé plus lisible. Je sais, je pinaille, donc je me tais)
 
et y'a deux fois "en outre" dans le bout en gras, smoche, un "non seulement..mais aussi" aurait été mieux [:petrus75]


Message édité par chrisbk le 13-11-2004 à 23:44:54
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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:45:39    

chrisbk a écrit :

moi aussi chui fan du style [:god] (par contre, gros detail mais bizarrement ca m'a cassé la lecture, le "yaourght a zero pour cent". Sais pas pourquoi, mais a 0% m'aurait semblé plus lisible. Je sais, je pinaille, donc je me tais)

c'est dans la logique d'écrire le nombre de soldats en toute lettre. Cent Soixante douze mille deux cent quatre impressionnent plus que 172 204. Il fallait donner une épaisseur à ce troupeau de soldats.


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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:47:14    

Citation :

Prologue
 
                              C’est dingue le nombre de chose auxquelles on peut penser quand on se trouve ligoté et torturé par un lézard vert coiffé d’une sorte de passoire sur laquelle on aurait greffé deux boudins blancs.  
Dans le désordre.
            Le nombre de fois qu’on a incendié un énième écrivain prépubère d’ « héroic fantazy » qui pondait sa prose en travers des forums internet. Trop occupés à refaire et à reprendre les écrits des Maîtres du genre, ils ont oublié de préciser certaines notions essentielles. La durée de survie d’un Humain à l’épreuve du Sougounaize, sorte de basket croisé à un ballon prisonnier mais avec humain à la place du ballon. Les points faibles d’un Bazeloche, lézard croisé à un cheval et un Hell’s Angels. Comment se défaire de liens en acier, assommer trois gardiens, descendre les six étages d’un château garnis de reptiles armés jusqu’aux dents sans se faire remarquer. Passer sous le nez du dragon qui stationne en double file à la sortie du château. Rejoindre Erzeline, princesse Glutaudière (branche Arnodule de la Carataindrie) emprisonnée douze pieds sous terre par l’infâme Jean Pierre Razemonche (prononcer « Razemonceu car en patois local le H est un h muet, dit « curaudinien » »), héritier de la caste des Mages Pas Clairs de Vallanchaise.
 
          Trouver – et si possible détruire – la Cloupiotte qui se trouve enchâssée sous soixante mètres de banquise. Sachant qu’une armée de quatre cent soixante-douze mille six cent quarante-trois Bazeloches ( sans compter l’intendance et les dix à vingt mille mercenaires Leubouzards, Fondelèches (venues des plaines d’Altalie du Sud) et autres Carquefaires de passage qui se sont joints à la troupe histoire de récupérer des miettes d’Histoire ), tout ce beau monde nourri au yaourt zéro pour cent depuis trois semaines, est en mouvement dans les parages et sera prêt à fondre sur vous dans les six heures, que vous n’avez aucune idée de ce à quoi peut bien servir une Cloupiotte, que si Jean-Pierre le trouve, c’est pasteurisation garantie pour Trifouillle et ses habitants, que vous êtes l’unique espoir de tout un peuple, que vous avez perdu les clés de votre appartement, calculez vos chances de survie. Si elles dépassent le quart d’heure, vous êtes optimiste.
 
 « Boudin Blanc » s’approcha de moi. Son haleine manquait de peu de me faire perdre connaissance.  
  - Ah ah ! Alors voilà leur Sauveur ! dit-il en éclatant de rire.
Mon talent ne sera reconnu qu’après ma mort.
  - Ecoute-moi bien Créature. Nous tenons la princesse Erzelina. Nos armées assiègent Trifouille-ville. D’ici demain, nous possèderons la Cloupiotte. D’ici deux jours la Trifouillie toute entière sera à nous. Pourquoi s’obstiner pauvre Créature ? Votre combat est voué à l’échec, vos races ont été vouées à l’échec. Vous n’avez jamais été digne de vivre !
  - Et mon cul, c’est du Kentucky Fried Chicken ?


Message édité par zurman le 14-11-2004 à 00:04:59
Reply

Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:48:24    

meriadeck a écrit :

c'est dans la logique d'écrire le nombre de soldats en toute lettre. Cent Soixante douze mille deux cent quatre impressionnent plus que 172 204. Il fallait donner une épaisseur à ce troupeau de soldats.


 
tu leur donne de l'epaisseur a coup de yaourght a zero pour cent toi ? [:ddr555]

Reply

Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:49:18    

chrisbk a écrit :

tu leur donne de l'epaisseur a coup de yaourght a zero pour cent toi ? [:ddr555]

ben l'expression est correct je pense.


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Acceuil
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Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:53:22    

meriadeck a écrit :

c'est dans la logique d'écrire le nombre de soldats en toute lettre. Cent Soixante douze mille deux cent quatre impressionnent plus que 172 204. Il fallait donner une épaisseur à ce troupeau de soldats.

Rabelais staÿle

Reply

Marsh Posté le 13-11-2004 à 23:57:38    

Comme la nuit est a moi j'ais lut.
gage de qualitaÿ dit-il.
il a raison . C'est vraiment pas mal du tout.
tres gros lecteur (de tout style) tu me semble plutot original. Et l'écriture est fluide, le style est bon, le rythme annoncé.je ne critiquerais pas les fautes de grammaires et 'orthographe du simple fait que je suis tres tres mauvais dans ces domaines mais je peut dire que la suite est attendue ....


Message édité par Xzero le 13-11-2004 à 23:58:07
Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 00:00:23    

Citation :

chapitre 1. Où l'on fait connaissance avec Sébastien Liébert.
 
1  Paris boulevard Sébastopol  17h34  12 décembre 2004  
 
 
   Journée de merde.
   De toute façon je n’ai jamais été foutu de garder un boulot plus de soixante-douze heures de suite. J’avais atteint soixante et onze. J’étais satisfait de moi. Un soixante m’aurait déçu, un cinquante une honte mais un soixante et onze, ça restait du domaine de la fierté.
 
 Non cette fois je n’avais fait aucune erreur d’inventaire, ni tenté un rapprochement diplomatiquogénital avec une quelconque serveuse, ni créé un syndicat autonome, non pour une fois je n’avais rien fait de très exceptionnel. Ça ternissait même mon record. Peut-être je devrais faire demi-tour, insulter le gérant, piquer dans la caisse, renverser quelques rayonnages. Non se faire attraper en train de surfer sur Internet depuis le portable du patron dans son bureau, c’est presque pas un exploit surtout quand ce n’était même pas pour télécharger des vidéos et photos qui réveilleraient un comateux végétatif.
 Une fois de plus j’expliquais que l’héroïc-fantasy n’est pas un genre fourre-tout au même titre que peut l’être le tiroir du bas dans une commode bon marché. Chaque semaine, nous subissions sur notre forum l’invasion quasi cyclique de deux ou trois prosards en mal de talent qui s’épanchaient en combats de trolls, des quêtes de jenesaisquoi de fabuleux et mystique, le tout accompagné de châteaux dans le brouillard, de joyaux maudits, d’épée sanguinolente qui se fichait dans des crânes. L’inventaire classique. Trop classique. Les premiers amusaient, sincèrement. Mais maintenant l’énième tour de piste du Tolkien Circus finissait par donner des maux (ou alors c'est un jeu de mots :D) de tête. Au bout du second paragraphe, on avait envie de faire avaler l’intégrale du Seigneur des Anneaux (appendice compris) à l’impétrant.
 
 « Minute j’ai pas fini ».
Mon boss me considéra du regard comme si j’étais en train de fourailler l’arrière train d’un ours polaire dans son bureau. Ou peut-être était-ce le ton que j’avais employé. J’étais dans SON bureau, sur SON ordinateur alors que quatre clients attendaient près de MA caisse. L’instant suivant, je planais au dessus des escaliers, et réussissais un atterrissage parfait au milieu des perruques et des implants. De toute façon, la vente en gros de produits capillaires, je ne me voyais pas m’y faire un nom. « Chez Liébert, tout pour les cheveux » ?  Je préfère encore finir fonctionnaire.
 
 Dehors la nuit tombait. On avait déjà mis en place toute la décoration de Noël. Deux gamines s’émerveillaient devant une devanture de cosmétique, de façon si caricaturale qu’on avait envie de les saisir chacune et de les aplatir jusqu'à ce qu'elles aient recouvert la totalité de la vitrine. Le boulevard saturait, dégueulait de tous les côtés. Des automobilistes avaient fini par chevaucher la bordure du couloir de bus et un gus venait de mettre sa voiture en travers pour bloquer les taxis. Etranger à ce spectacle en particulier et à la vie en général je marchais vers les Halles quand quelque chose se posa derrière moi.
 
 Journée de merde.


Message édité par zurman le 14-11-2004 à 00:10:43
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Marsh Posté le 14-11-2004 à 00:01:09    

En vert les corrections, en rouge les rajouts

Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 00:01:18    

chrisbk a écrit :

tu leur donne de l'epaisseur a coup de yaourght a zero pour cent toi ? [:ddr555]


 
yaourt ou yoghourt, d'ailleurs [:aloy]
 
edit bon dans le texte, c'est le quote qui m'a fait réagir


Message édité par cassebrik le 14-11-2004 à 00:02:30
Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 00:05:28    

zurman a écrit :

. Mais maintenant l’énième tour de piste du Tolkien Circus finissait par donner des maux (ou alors c'est un jeu de mots :D) de tête.  


 
jeu de mot...involontaire mais il me plait bien :D


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Acceuil
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Marsh Posté le 14-11-2004 à 00:07:11    

meriadeck a écrit :

jeu de mot...involontaire mais il me plait bien :D

:jap:

Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 00:07:35    

zurman a écrit :

Citation :

chapitre 1. Où l'on fait connaissance avec Sébastien Liébert.
 
1  Paris boulevard Sébastopol  17h34  12 décembre 2004  
 
 
   Journée de merde.
   De toute façon je n’ai jamais été foutu de garder un boulot plus de soixante-douze heures de suite. J’avais atteint soixante et onze. J’étais satisfait de moi. Un soixante m’aurait déçu, un cinquante une honte mais un soixante et onze, ça restait du domaine de la fierté.
 
 Non cette fois je n’avais fait aucune erreur d’inventaire, ni tenté un rapprochement diplomatiquogénital avec une quelconque serveuse, ni créé un syndicat autonome, non pour une fois je n’avais rien fait de très exceptionnel. Ça ternissait même mon record. Peut-être je devrais faire demi-tour, insulter le gérant, piquer dans la caisse, renverser quelques rayonnages. Non se faire attraper en train de surfer sur Internet depuis le portable du patron dans son bureau, c’est presque pas un exploit surtout quand ce n’était même pas pour télécharger des vidéos et photos qui réveilleraient un comateux végétatif.
 Une fois de plus j’expliquais que l’héroïc-fantasy n’est pas un genre fourre-tout au même titre que peut l’être le tiroir du bas dans une commode bon marché. Chaque semaine, nous subissions sur notre forum l’invasion quasi cyclique de deux ou trois prosards en mal de talent qui s’épanchaient en combats de trolls, des quêtes de jenesaisquoi de fabuleux et mystique, le tout accompagné de châteaux dans le brouillard, de joyaux maudits, d’épée sanguinolente qui se fichait dans des crânes. L’inventaire classique. Trop classique. Les premiers amusaient, sincèrement. Mais maintenant l’énième tour de piste du Tolkien Circus finissait par donner des maux (ou alors c'est un jeu de mots :D) de tête. Au bout du second paragraphe, on avait envie de faire avaler l’intégrale du Seigneur des Anneaux (appendice compris) à l’impétrant.
 
 « Minute j’ai pas fini ».
Mon boss me considéra du regard comme si j’étais en train de fourailler l’arrière train d’un ours pôlaire dans son bureau. Ou peut-être était-ce le ton que j’avais employé. J’étais dans SON bureau, sur SON ordinateur alors que quatre clients attendaient près de MA caisse. L’instant suivant, je planais au dessus des escaliers, et réussissais un atterrissage parfait au milieu des perruques et des implants. De toute façon, la vente en gros de produits capillaires, je ne me voyais pas m’y faire un nom. « Chez Liébert, tout pour les cheveux » ?  Je préfère encore finir fonctionnaire.
 
 Dehors la nuit tombait. On avait déjà mis en place toute la décoration de Noël. Deux gamines s’émerveillaient devant une devanture de cosmétique, de façon si caricaturale qu’on avait envie de les saisir chacune et de les aplatir jusqu'à ce qu'elles aient recouvert la totalité de la vitrine. Le boulevard saturait, dégueulait de tous les côtés. Des automobilistes avaient fini par chevaucher la bordure du couloir de bus et un gus venait de mettre sa voiture en travers pour bloquer les taxis. Etranger à ce spectacle en particulier et à la vie en général je marchais vers les Halles quand quelque chose se posa derrière moi.
 
 Journée de merde.


 
 


 
je réfute, on écrit polaire, sans accent  :)


Message édité par cassebrik le 14-11-2004 à 00:08:30
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Marsh Posté le 14-11-2004 à 00:09:21    

cassebrik a écrit :

je réfute, on écrit polaire, sans accent  :)

Euh oui dsl je sais pas ce qui m'a pris  [:mouais]

Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 00:41:37    

briseparpaing a écrit :

"ternir un record". Plutôt impropre. On ternit une réputation à la rigueur
"c'est presque pas un exploit". Tounure assez malhabile et trop emphatique. C'est lourd, quoi.
 
En résumé, je trouve ton style beaucoup trop lourd. Les renforcements style "comateux végétatif" ou les ellipses de verbe donnent l'air d'un rythme soutenu, mais dénote, au contraire, un manque d'imagination et une pauvreté de vocabulaire assez inquiétante (que l'on retrouve par quelques barbarismes assez peu élégants, ma foi).

Spoiler :


Et pof, chacun son tour [:c17]  :D



:lol:  :lol:  :lol:


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Acceuil
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Marsh Posté le 14-11-2004 à 01:41:04    

Où l'on voit Liébert s'envoyer en l'air
 
chapitre Deux
 

Citation :

2 Boulevard Sébastopol 17h37
 
  Les Gargelouzes se font plutôt rare de nos jours. La plupart ont été exterminés bien avant le Soixante-douzième Age, lorsque leur peau est devenue monnaie d’échange officielle. Pas de bol. Aujourd’hui on en compte dix-sept, éparpillés dans les différentes écuries royales des Glutaudières. Contempler un Gargelouze se laisser porter par les vents dominants avant d’amorcer une descente vers un atterrissage reste un spectacle hors du commun. Malgré sa taille imposante, il demeure une grâce, une allure – c’est un moment presque reposant.  
 
 Le Gargelouze que j’admirais venait de se poser au milieu du trottoir du boulevard Sébastopol, juste derrière moi. Il replia ses ailes sous son ventre pelé et poussa un cri rauque. Quelqu’un le chevauchait, pointant vers moi un bâton surmonté d’un cristal. Les passants ne semblaient pas particulièrement attiré par le spectacle. Sans doute l’énième avatar d’un cirque en mal de promotion. Il en faut plus pour faire sortir de ses gonds un Parisien. Deux touristes japonais allèrent se placer près de la bête pour se faire photographier – un coup de queue les envoya sur le trottoir d’en face. Pesamment, le Gargelouze s’avançait vers moi. Son pilote me tenait toujours en joue. Je tournais les talons, comme si de rien n’était, puis j’accélérais le pas. Le Gargelouze réglait son pas sur le mien. J’entendais son conducteur lui dire des ordres dans une langue étrange que curieusement je comprenais.
 
 Les voitures commençaient à ralentir pour profiter du spectacle. On sortait des magasins, sur les balcons, on empoignait les caméscopes. J’entendais déjà les « Ce Liébert, toujours à vouloir faire son interessant, ça devient n’importe quoi ! »Les bonds du Gargelouze pour revenir à ma hauteur ébranlaient tout le 3ème arrondissement. Je battais des records de vitesse personnels qui m’aurait valu toute l’estime de mon professeur de lycée qui m’affirmait n’avoir jamais vu mon égal même chez les handisports. Je n’avais pas couru aussi vite depuis qu’une douzaine de CRS m’avait coursé pensant tenir le responsable du cocktail Molotov qui venait de réduire en cendres leur minibus – et pour une fois, ils avaient tort.
 Sentant que la bestiole se rapprochait et perdait patience, je relevais le niveau de difficulté et obliquait droit dans la circulation automobile. Si certains se contentaient de piler et de m’envoyer une bordée d’injures gratinée, d’autres avaient remarqué l’éléphant chauve-souris juste derrière moi et repartaient en marche arrière – ça reculait sec jusqu'à Saint Michel. L’animal déploya ses ailes et plana quelques secondes au-dessus de la chaussée avant de retomber quelques mètres derrière moi. Ma course devenait chaotique. J’allais m’aplatir sur le pare-brise d’un taxi avant de rebondir sur l’aile d’une berline sous-cotée à l’argus.
 Je titubais au milieu de la chaussée, sans remarquer la camionnette qui faisant abstraction des passants affolés, automobilistes paniqués ( un gus alla faire demi tour dans les vitrines d’un magasin), des touristes filmant au plus près l’action, d’un motard de la police qui coursait la bestiole (le pv méritera d’être lu) fonçait dans le tas pour éviter un détour par la rue Rivoli. Je jetais un regard vers la calandre contre laquelle j’allais me compresser façon César quand deux bras me saisirent les épaules et me décollèrent du bitume. Dans un mouvement énergique, le pilote me colla sur le siège arrière de son Gargelouze. Et je constatais que mon pilote était une pilote.
 
 On survola d’abord Chatelet puis la Seine avant de prendre de l’altitude, pendant que je dégobillais sur trois arrondissements à la fois et que mes clés se faisaient la malle à la verticale de Montrouge.  
  - Attends, repose moi, je crois que je viens de faire tomber mes clés…
  - Pas le temps, dit-elle. Nous sommes déjà en retard !
Ah. Parce que maintenant c’est « Nous » ?
 Elle éleva son bâton et son cristal illumina la nuit. Le Gargelouze semblait prendre de la vitesse. Au loin un puissant éclair déchira la nuit mais ne se dissipa pas. On aurait dit l’entrebâillement d’une porte. La lumière se faisait de plus en plus forte, me brûlant les yeux. Le Gargelouze plongeait tout entier dans le brasier. Il me sembla que quelqu’un jouait au billard avec mes atomes. J’étais éparpillé. Mais serein. Je ne pensais plus à rien. Plus de Gargelouze. Plus de vol plané. Plus de soucis de clés. Plus de Magali, plus de Julie et plus de Caroline. Plus de loyer impayé. Plus rien.  
 
        Ah non finalement je vais garder Caroline.


Message édité par meriadeck le 14-11-2004 à 01:41:24

---------------
Acceuil
Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 11:19:49    

Irrévérencieux à souhait, pas encore assez satirique, croisement entre Bukoswki et Pennac. :bounce:  
 
Le pied, quoi.
 
Continue, gars.  :lol:  
 

Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 11:57:06    

Triliock a écrit :

Irrévérencieux à souhait, pas encore assez satirique, croisement entre Bukoswki et Pennac. :bounce:  
 
Le pied, quoi.
 
Continue, gars.  :lol:


J'aurais dit aussi un arrière-gout de Frédéric Dard.
Enfin, que du beau monde, quoi.
Continue meriadeck! :jap:


---------------
Dorénavant Mario_
Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 14:17:15    

:lol:  :lol:  :lol: Excellent j'adore le style ^^
 

Spoiler :

[:abnocte invictus] drapal caché  [:yopyop-]

Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 14:42:32    

:jap:


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Un matin je me lèverai et il fera beau.
Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 17:52:04    

c'est très bon !  [:vavavoum]   j'attends la suite !  [:freekill]


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Si j'vois un paquet de chips qui traîne j'hésiterai pas à péter des clavics
Reply

Marsh Posté le 14-11-2004 à 21:50:33    

episode3
 
Où Liébert en apprend un peu plus
 

Citation :

Trifouilles-ville Trifouille 123ème Age ¼ dans l’après midi.  
 
 
         Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque la Dumbo Airline me lâcha sur le balcon du palais des Rois Glutaudières, situé sur un léger promontoire rocheux, dominant la cité de Trifouille-ville, capitale des terres libres de Trifouillie.
       Jadis, les rois de Trifouille avaient la baraka. Les impôts et les tributs perçus arrivaient par charrettes. Aucun prince de province éloignée n’aurait osé lever le petit doigt contre un souverain Glutaudière sous peine de voir son peuple démembré, éparpillé, déporté vers les terres d’Hougin et châtiment ultime, son existence même rayée des pages des Grands Livres des Sages.
 Mais c’était avant.  
Avant que le Grand Marasme ne frappe les terres du Sud, que les populations ne viennent en masse trouver refuge sur les terres Glutaudières. Les armées alliées ne purent contenir les Margenoules, ivres de sang et d’or qui déferlèrent sur les villages. Aujourd’hui encore on peut voir les traces des combats dans la nature et dans certaines villes – la Nature cicatrise moins bien que la mémoire de l’Homme. Plusieurs âges s’étaient écoulés et plus personne ne se souvenait des hurlements des malheureux que les Margenoules jetaient vivant dans les chaudrons en guise d’apéritif.  
      Au Nord se trouvait la Province des Droumont, habiles cultivateurs. A l’Ouest s’élevait la cité des Achefériens, très grands techniciens mais peu sociables. Ils vivaient reclus et ne sortaient que lors des foires annuelles. Vers l’Est on comptait quelques tribus, des bûcherons pour la plupart qui oeuvraient dans les forêts de Garfeneuze.  Le Sud était le domaine des Mazenazes,  qui tiraient leur fortune de leurs mines. Un équilibre précaire unifiait ses peuples, rassemblés autour des Glutaudières, et de leur cité, Trifouille-Ville.
 
      Mais aujourd’hui, de nouveau, quelque chose s’agitait sur la bordure Ouest. Les rumeurs parlaient de Bazeloches, descendants des Margenoules, en grand nombre quittant leur terre du Nord, se rassemblant et marchant vers l’Ouest, d’un mage levant une armée. N’importe quel Trifouillard vous dira que ça sent plutôt mauvais et vous conseillera de charger femmes, maîtresses, enfants et porcs dans la charrette et de mettre cap au Sud. Etait-ce les prémices du Grand Foutoir, annoncé par les prophéties ?  
 
      « Ouais ouais ouais, c’est très joli, bien tourné, sisi vous avez du talent j’insiste, mais juste, qu’est-ce que je viens faire là dedans ? » demandais-je.  
      Dès mon arrivée, on m’avait conduit auprès de ce qui devait être le grand patron. De nombreux courtisans avaient pris place dans la salle, les commentaires fusaient. J’y retrouvais ma pilote de Gargelouze qui avait revêtue une robe de taffetas et se tenait derrière le trône royale. Un page tenant plusieurs rouleaux de parchemins avait pris place à son tour et venait de terminer  son « Histoire Abrégée de Trifouillie ».  
  - Vous ne semblez pas comprendre, fit le Roi, peinant se soulever de son fauteuil en réponse à ma question.
       La prophétie affirmait que seul un Homme de Polaris pourrait éviter la destruction totale de Terre de Trifouillie. Mais il  faudrait faire une brèche entre les deux Mondes pour permettre d’aller le trouver. La prophétie donnait en outre toutes les coordonnées pour le situer et le rapatrier. Les Sages avaient longuement calculé et déchiffré. Pour eux, j’étais le Sauveur, l’Unique, l’Elu. Le Seul  qui pourrait s’emparer de la Cloupiotte et repousser l’Ennemi jusqu’aux Ravins de la Perdition.
   - Vous ne semblez pas comprendre… Nous avons besoin de vous, dit le vieillard, secoué par une quinte de toux.
  - Ecoutez, il y avait beaucoup de monde sur le boulevard…. Ça pourrait être n’importe qui, objectais-je. Votre Sauveur a peut-être raté son métro, son bus…
   - Liébert vous devenez agaçant, lâcha la Princesse sur un ton à mettre une bordée de bidasses au garde à vous.
   - Votre Honneur, votre Altesse, au choix je sais pas, Vous débarquez chez moi sans prévenir, me kidnappez, m’amenez ici sans autres explications et pour au final me signifier que je dois sauver je ne sais quoi de je ne sais quel Gros Bordel…Sérieusement, vous m’avez regardé ? Je ne suis même pas foutu de lire un plan de métro !
 
      Le silence se fit. Le roi secoua la tête tandis que des sanglots éclatèrent dans l’assistance.  
  - Je rentre chez moi, concluais-je. Et essayez les petites annonces, faites un casting « On recherche Sauveur du Monde CDI temps plein ». Avec un peu de chance vous tomberez sur la bonne personne…
Je n’avais pas fini ma phrase que la princesse descendit prestement de la tribune, me collant deux baffes qui résonnèrent jusque dans la cour du Palais.
  - Vous êtes une ordure, ajouta-t-elle.
  - On n’est pas encore assez intime pour que vous m’appeliez par mon prénom.
Elle me désigna du regard le public massé autour de nous.
  - Ces gens n’ont plus que vous comme espoir. Dans trois jours la ville sera encerclée.
  - C’est votre ville, votre monde, vos emmerdes. Je ne vois pas en quoi ça me concerne.  
  - Laisse le partir, Erzeline, dit le vieillard. Il a peut-être raison. Peut-être que nos calculs sont faux.
      Elle serra les poings. Elle m’aurait giflé assurément, jusqu’à que mort s’ensuive. Avec un peu d’entraînement, il y a des trucs qu’on peut lire sans difficultés dans les yeux d’une fille. L’amour, la haine, l’indifférence, passe-moi le sel, pas ce soir, c’était qui cette fille ? Dans l’immédiat Erzeline n’aurait pas rechigné quant à me faire piétiner par son Gargelouze puis me jeter par-dessus les murailles de la ville. Et me piétiner de nouveau.
 
             En sortant je demandais à un garde le bar le plus proche et descendais les marches de marbres du palais menant au porte de la cité. Pourquoi sauver quelque chose auquel on n’appartient pas, auquel on n’a jamais appartenu ? Qui étaient ces gens qui se baissaient presque devant mon passage – je repoussais un gus qui voulait m’embrasser les pieds. Un autre me proposait d’acheter mon caleçon. Je du jouer des bras pour atteindre le bar. Je commandais un tonneau de bière, de quoi tenir la soirée et m’installais dans le fond. J’avais connu des moments d’égarement mais là on touchait au psychiatrique. Jusqu’ici j’avais pris ça comme un mauvais rêve, et au fond de moi, je priais presque pour qu’il en soit ainsi.


Message édité par meriadeck le 14-11-2004 à 22:55:27

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Marsh Posté le 14-11-2004 à 22:16:10    

Citation :

Au Nord se trouvait la Province des Droumont, habiles cultivateurs. A l’Ouest s’élevait la cité des Achefériens, très grands techniciens mais peu sociables. Ils vivaient reclus et ne sortaient que lors des foires annuelles [...]


 
Très bon ça [:xp1700]


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Un matin je me lèverai et il fera beau.
Reply

Marsh Posté le 15-11-2004 à 01:31:14    

ca c'est excellent :
 
Avec un peu d’entraînement, il y a des trucs qu’on peut lire sans difficultés dans les yeux d’une fille. L’amour, la haine, l’indifférence, passe-moi le sel, pas ce soir, c’était qui cette fille ?

Reply

Marsh Posté le 15-11-2004 à 05:54:25    

Tous les passages sont vraiment bons : satiriques, mais tellement vrai ! ("Avec un peu d’entraînement, il y a des trucs qu’on peut lire sans difficultés dans les yeux d’une fille. L’amour, la haine, l’indifférence, passe-moi le sel, pas ce soir, c’était qui cette fille ?"  :lol: )

Reply

Marsh Posté le 15-11-2004 à 12:43:47    

meriadeck a écrit :

Avec un peu d’entraînement, il y a des trucs qu’on peut lire sans difficultés dans les yeux d’une fille. L’amour, la haine, l’indifférence, passe-moi le sel, pas ce soir, c’était qui cette fille ?


 
 [:mam]  
 
Je viens de découvrir ce thread.
Du un peu lourd, du pas mal, et du très bon.
Pratchett n'a qu'à bien se tenir :D

Reply

Marsh Posté le 15-11-2004 à 18:36:02    

:lol::lol: j'adore! :lol::lol:


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Quizz'n'Blind pour tester vos connaissances
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Marsh Posté le    

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