Jadis, on utilisait l?expression « être dans le vent », « in », « à la mode », « dans le coup ». Aujourd?hui, on dit « être tendance », mais sur le fond rien n?a changé: « être tendance » ça consiste toujours à faire ce que fait la majorité du troupeau tout en se croyant unique en son genre.
 
 
Pour être tendance, on adopte « à l?insu de son plein gré » les postures que le marketing nous impose tout en croyant les maîtriser. On fait sien le discours publicitaire dominant et les valeurs bidon qui vont avec. On avale un doux poison de clichés et de slogans qui visent à faire de nous de gentils consommateurs.  
 
Ici ce sera un film qu?il faut « absolument avoir vu », là telle paire de chaussure « trop cool », tel disque ou tel programme télé. Les recettes varient, mais la finalité est la même: les marques colonisent nos goûts avec le sourire. En d?autres temps et sous d?autres cieux, on appelait ça de la propagande.  
 
De l?habillement à la musique, en passant par les livres, le cinéma, la télévision, la bouffe et j?en passe, la puissance du marketing est telle que notre liberté de choix paraît bien maigre. Ce que nous goûtons, aimons et détestons, le choisissons-nous vraiment par nous-mêmes ?  
 
A bien y regarder, rares sont les domaines qui échappent à la douce tyrannie du marketing. Les tendances se succèdent et s?effacent, mais ne pas les suivre c?est risquer de passer pour un ringard. Faites un essai. Lors d?un prochain dîner en ville essayez d?aller à contre-courant des tendances du moment et vous verrez le résultat: le dîner sera vite un dîner de con.  
 
Le domaine de l?information et de la pensée (si j?ose ce gros mot ) n?échappe pas au règne de la tendance. Prenez les médias destinés aux grand public, par exemple. La tendance qui prédomine est celle du blanc ou noir. L?actualité regorge d?exemples où le compte-rendu manichéen dévaste tout sur son passage et modèle l?opinion publique.  
 
Car le marketing médiatique impose - à ceux qui produisent comme à ceux qui consomment - d?aller vite, de ne pas s?embarrasser de détails et de frapper fort l?attention. Du coup, ce qui triomphe le plus souvent c?est le raccourci réducteur, la formule choc, l?effet d?annonce et l?émotion à deux balles. Rare est l?espace accordé à la nuance, à la complexité des choses, des gens et des situations. A croire que le temps de la nuance est banni. Le lavage de cerveau n?est pas loin.  
 
J?ai conscience, en écrivant, ces lignes que je ne suis pas en train de découvrir la poudre ! Tout le monde peut constater, chaque jour, combien le marketing médiatique impose une dérive simplificatrice et un rien démagogique à l?information. Mais qui s?en inquiète véritablement ? Peut-être que finalement, la résistance au mercantilisme médiatique et ses excès quotidiens est trop difficile, pour ne pas dire vaine?  
 
Que faire alors ? Eduquer, encore et toujours et dès le plus jeune âge. Travail des parents, travail de l?école, travail de certains médias.  
Est-il, par exemple, excessif de demander aux élus en charge de l?Instruction Publique de prendre véritablement les choses en main et de faire en sorte que l?éducation aux médias et au marketing ? c?est-à-dire au langage des images et des slogans ? devienne une branche principale, essentielle, de l?enseignement. Simplement pour que les futurs citoyens soient plus critiques.  
 
Ne faudrait-il pas se soucier de réapprendre à lire et à regarder, avant que le marketing ne gangrène les manuels scolaires, comme c?est le cas aux Etats-Unis ?  
 

C'est pas tendance, c'est salutaire.

C'est vrai que critiquer le marketing pour critiquer le marketing, c'est pas tres malin. Mais quand on voit, en connaissance de cause, qu'on essaie de nous refourguer n'importe quoi sous des pretextes bidons, ca prete a sourire

C'est tendance de dire tendance