tentative d'écriture - Arts & Lecture - Discussions
Marsh Posté le 05-04-2006 à 21:23:06
Alors à la fin il quitte le gouvernement ou pas ?
Spoiler :
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Marsh Posté le 06-04-2006 à 01:54:34
J'aime bien. Et en plus tu cite Robespierre
Marsh Posté le 06-04-2006 à 01:59:02
Lui, il s'est fait renvoyer là: http://forum.hardware.fr/hardwaref [...] 3435-1.htm
Marsh Posté le 05-04-2006 à 21:19:35
Bon voilà un début de roman "de ma composition"...
J'essaye juste comme ça, c'est ma première tentative, donc c'est sans aucunes prétentions que je vous montre ma création.
Merci de laisser des commentaires !
P.S : ce n'est pas un roman de fantasy, ni fantastique. Désolé pour les amateurs.
Le ciel était gris ce matin. Clairsemé de nuages, je constatais que de faibles rayons arrivaient tout de même à trouver un passage à travers son opacité. Les arbres, quelques mètres plus bas, frissonnaient, glacés par le souffle froid, et leurs feuilles, ces messagères des flux, sagitaient, pour retomber ensuite sur le sol, leur terre daccueil. Je les trouvais vivants et communicatifs ; mais le tireur de ficelle me disais-je, cétait bien le vent, celui de fin dhiver qui se démène avant lapogée des fleurs.
Je me levai de mon lit, et allai ouvrir grand les volets de la chambre, afin de faire rentrer la lumière ; malheureusement, seul une brume jaune parvenu jusquà la pièce.
« Demi-tour droite » me dis-je tout haut, pivotant sur mes talons. Mes pantoufles étaient là, posées sur la moquette ; elles paraissaient attendre ma venue, désespérées dêtre employées à temps partiel. Moi je les préférais comme ça, intermittentes : elles susaient moins vite et gardaient de leur fraîcheur.
Notre amour durait depuis 10 ans, depuis leur irruption soudaine dans ma vie, aux abords dun supermarché. Un mariage peu catholique.
Mon choix, je le dis avec recul, avait été génial : elles ne râlaient pas, elles, au moins, de ramper dans la précarité.
Et les jeunes qui manifestaient pour leurs droits vitaux !
Si ils navaient regardé rien quune fois leurs protège pieds, ils auraient pu comprendre : leur condition, après tout, nétait pas si mauvaise : a priori, ni lodeur, ni lapparence nétaient un motif de licenciement.
Je compatissais pleinement à la cause de mes chéris, et me mis en elles : ainsi je leur témoignais de ma grande affection ; leur réponse ne se fit pas attendre, et quelques secondes après, une douce chaleur envahit tendrement mes pieds.
Puis plus rien. Rien dintéressant dans ma journée : pas de crises dangoisse, dengueulades, ou daccidents. Le seul moment épanouissant était en général celui décrit plus haut. La communion ne se faisait quen cet instant, car plus tard, ce nétait quun enchevêtrement de circonstances, dont je profitais contre mon gré, pour tenter davoir des affinités avec tel ou tel. Mon but après tout, cétait seulement dêtre normal , petit dehors, grand chez moi. Je tendais uniquement, et cela sans aucune condescendance, à rejoindre mon doux logis, où mattendais tout : mon frigo, mes petites porcelaines, le coussin si moelleux de loncle Girard, la table écaillée de la salle à manger, et bien sûr je rajouterais évidemment mes pantoufles.
On sonna à ma porte. Un long bruit, un peu étranger, retentit dans la maison.
Je marchai jusquà lentrée, trainassant les pieds, mais sans me faire entendre, un loup naurait pas été plus discret.
Un homme se dessina à travers le trou voyeur : une connaissance apparut. Je navais jamais parlé auparavant à cette personne, mais il métait familier, cétait mon voisin du 3ème étage. Tout les jours, je le voyais sortir, son fils à ses cotés, quil tenait en laisse ; au début, ce fait mavait choqué, mais jen conclut peu après que la présence de ce fil devait être rassurante et que lhomme se sentait comme ça plus humain. Peut-être tenait-il son enfant en laisse afin de protéger les passants de ses attaques, et ainsi éviter des demandes de sucettes peu recommandables. A ce moment là, il avait noble cause. Et puis, après tout, il avait le droit délever sa progéniture comme bon lui semblait.
A 30 ans, son fils, au lieu de boursicoter fébrilement, pourra courir dans les champs, la crinière au vent, déchiquetant les fines antilopes, et rugissant pour impressionner les belles lionnes. Cétait une bonne vie, qui valait autant quune autre.
Lui manquait uniquement, à mon voisin, le billet davion pour la savane.
Jouvris donc la porte, fier de mon raisonnement, et convaincu déjà de connaître le motif de sa visite.
- Bonjour, je me présente : François Guichard. Je suis un des locataires du dessus.
- Bonjour dis-je dans ma barbe. Quel entrée ratée !
- Excusez-moi de déranger, mais jai un petit problème, là haut, avec la plomberie. On ma dit que vous pourriez maidez parce que vous vous y connaissez un peu. Donc, si ça ne vous dérange pas, vous pourriez peut-être passer voir
Là voilà la fraternité humaine, on ne communique que par besoin.
- Cest un problème de fuite ?
- Oui voilà cest ça.
Jen étais sûr ; cest toujours comme ça. Cest un cliché humain, les fuites.
- Bon jvais voir cque je peux faire pour vous. Laissez moi me préparer, et jarrive. Dans un quart dheure ça va ?
- Cest parfait ! Il commença à monter les escaliers. A tout à lheure !
Cela avait été foudroyant. Nous avions enchaîné les causeries, comme si le fisc nous courrait après ; la course était ici les phrases, les mots constituaient les jambes.
Jétais tout chamboulé par la violence verbale que nous nous étions prodiguée. Son « bonjour » avait été pour moi un « punch in my face », comme dise les américains des ghettos daujourdhui. Le personnage, qui métait apparu à distance plein de bonhomie malgré sa méthode déducation et dun type paysan moyen, avec le tracteur et tout ce qui en suit, mavait en face agressé de phrases dérangeantes, comme ce « A tout à lheure !» de très mauvais goût. Et on me disait que javais tort de me plaindre de lexode rural
Voilà ce que ça donnait en vérité, un laboureur à la ville. Il te marchait dessus comme sur ses plantations, puis faisait rouler sa grosse machine toute vilaine sur ton corps déjà marqué par les traces de ses bottes.
Bref, en fait, je crus ne pas vouloir y aller, là haut. Il aurait fallu monter les marches, nombreuses et pire encore, alors que je navais quà en descendre sept, daprès ma rapide énumération, pour rejoindre la rue, tout pensionnaire du premier étage que jétais. Dailleurs mes mains tremblaient, tellement javais peur dy aller, chez François Guichard ; peut-être avait-il des vaches dans son appartement ? Et moi, les vaches, elles mintimidaient, en particulier les salers, celles dAuvergne. Je commençais comme par hasard à sentir une odeur de Cantal, vous savez ce fromage du Massif Central Jen avais une vrai phobie, à cause de mon grand-père, lui-même fervent danseur de bourrée.
Le risque dêtre complice de production laitière et fromagère clandestine me persuadait progressivement, et moi, la goutte aux nez, comme les rois puant, javais peur.
Finalement, je décidai de ne pas aller chez lui, et je pris la clé des champs - mais pas les siens.
Je sortis de lappartement, un pull sur le dos, mais le sourire aux lèvres : tout allait bien, javais évité le début dune relation susceptible damplification accélérée, et qui aurait sûrement finie en crime passionnel, malgré le dégoût grand mot ! que le personnage mavait inspiré au premier abord. Vous savez jétais en général très vite soumis aux gens et, dominé dans la conversation, je ne pouvais que leur obéir, par peur de les troubler. On dit quil y a beaucoup de gens qui son victimes de ce mal, victimes de leur gentillesse, et je dis ça sans lintention délever ma cause, moi je suis totalement désintéressé.
Je parvenais donc à la rue, celle-là où les manifestations avaient lieu. Je dis celle-là, pas la rue de François Guichard, mais la rue au sens général, car aux informations, on parle comme ça, de la ville et du peuple bas. Et je respecte Mr. Paurnaut très profondément soi dit en passant, tout comme son journal télévisé que je trouve dune très bonne facture. Grâce à lui, jen apprend cest pour votre culture générale - toujours plus sur les loutres, et leurs bonnes meurs. Cest un animal passionnant.
Car sachez-le, la loutre dans sa forme la plus pure peut se reproduire toute lannée, et cela avec seulement 60 jours de gestation, pour donner ensuite naissance à jusquà 3 loutrons, comme on les appelle quand on est proche. Elle est, de source sûre, de la famille des Mustélidés et cousine du blaireau je le signale pour faire référence à François Guichard et daprès notre présentateur favori, elle délimite son territoire à laide de ses crottes, ou même de son urine.
Quand je vois ma rue, je me dis que cest aussi une coutume humaine.
Jallais donc vers le coté gauche, qui métait plus sympathique, tout en marchant cependant sur la chaussée droite pour avoir une sensation déquilibre. Cest très important léquilibre.
Jétais libre, dans la rue, avec la possibilité de faire du lèche-vitrine si bon men semblait. Je pouvais même aller aux manifestations, alors que je nen avais aucune envie.
Pouvoir faire des choses quon exècre, cest ça la liberté.
Je décidais donc, révolutionnaire dans lâme, de rejoindre la jeunesse rebelle, celle qui reniait ses pantoufles, son chez soi, et revendiquait son droit humain au travail, plutôt quune baisse de facture du chauffage.
Aucune cause ne malliait finalement à eux, si ce nest lenvie, le besoin de contestation ; jétais comme un collégien : je voulais du plaisir, je voulais contredire.
Le bonnet phrygien me coiffait déjà.
Arrivé avenue de la république, lieu de la manifestation, je fouillais dans une poubelle en quete dun panneau pour ne pas rester bredouille ; dès la troisième fouille, jen trouvais un, avec pour inscription « C comme chomâge » ; le reste était malheureusement déchiré. Mais cela suffisait pour leur faire comprendre mon adhésion.
Je mapprochais du mouvement ; la foule grandissait à vue dil. Les bruits eux aussi samplifiaient, par acoups : dès quils jetaient sur la table un nouveau slogan, chacun chantait à tue-tête, mais leur jeune cordes vocales sessoufflaient aussi tôt ; il leur manquait du rythmes à ces jeunes ; à cause de leur musique artificielle, il narrivait plus à faire les leur, et à conjuguer tous ça avec lair de la rue, pourtant si fiévreux.
Jétais maintenant dedans, parmis les pépins, insignifiant dans la grosse pomme. Je les voyais, les entendais ; je parlais, à mon grand étonnement, le même langage queux.
Des journalistes sétaient glissés parmis nous, des privés. Ils tentaient dinterroger les collégiens présents, qui, pour la majorité, refusaient de répondre, nen sachant sûrement pas assez sur la question.
Au niveau des slogans, on en était maintenant à « C comme Chômage je montrais à loccasion bien haut mon panneau et P comme précaire et E comme exploités ». Derrière moi jentendis un grand demander à son camarade :
- Tu sais cest quoi toi la précarité ?
- Nan. On sen fout dfaçon
Et il recommencait à hurler.
Robespierre, lui, avait une bonne raison de lancer des pavés ; ces jeunes étaient dans leur jeu vidéo, et se sentaient important à balancer leur cris dans la rue : ils contestaient le système, comme Tony Montana, mais sen foutait du résultat.