Le topic des références littéraires [LIVRES] - Arts & Lecture - Discussions
Marsh Posté le 30-12-2015 à 14:21:25
Réservé
Marsh Posté le 30-12-2015 à 14:21:31
Réservé
Marsh Posté le 30-12-2015 à 14:27:07
Citation : Souvent femme varie, |
(Victor Hugo, Marie Tudor, Journée III, part. I, sc. II)
Marsh Posté le 30-12-2015 à 14:30:44
A voté
C'est vrai que le titre est pas très sexy, tu pourrais commencer par le préfixer par [LIVRES] comme un certain nombre de topics qui existent déjà :
[LIVRES] Vos lectures du moment
[LIVRES] Histoire et romans historiques
[LIVRES]Ceux qu'il FAUT avoir lus et ceux qui méritent le bûcher
Ça ferait plus homogène... il faudrait probablement les mettre en sujets liés aussi, d'ailleurs.
Marsh Posté le 30-12-2015 à 15:50:50
"Favori positionné avec succès" !
Et perso je trouve que le titre va bien, il a le mérite d'être clair... On peut effectivement le faire précéder de [LIVRES], mais à mon avis il faut laisser le terme "références littéraires" !
Marsh Posté le 30-12-2015 à 18:00:55
Ayé, titre modifié
Marsh Posté le 30-12-2015 à 18:03:20
On aurait pu intituler le topic « Intertextualité, Intermédialité & Vaissellologie ».
Marsh Posté le 30-12-2015 à 18:22:30
RandallBoggs a écrit : On aurait pu intituler le topic « Intertextualité, Intermédialité & Vaissellologie ». |
J'ai cherché mais l'intertextualité c'est pas exactement ça en fait.
Par contre je plussoie la vaissellologie
Marsh Posté le 30-12-2015 à 19:12:12
La vaissellologie est une noble science
On pourra noter qu'il y a déjà des gens qui se posent les mêmes questions que nous et qui font même des sites Internet dessus : L'Orlando Furioso e la sua traduzione in immagini.
Je vous prépare une petite fiche sur ce bouquin pour commencer, je vais essayer de faire une mini fiche technique et un échantillon d’œuvres et/ou de citations.
Marsh Posté le 30-12-2015 à 19:23:45
Merci bien !
Marsh Posté le 30-12-2015 à 20:16:55
Titre : Roland Furieux (Orlando Furioso)
Auteur : Ludovico Ariosto
Date de publication : 1516-1532
Le texte est un poème épique en quarante-six chants, qui décrit censément les actions des paladins de Charlemagne. En pratique, il s'agit de trois choses à la fois :
- un roman de chevalerie exaltant une tradition vue comme noble ;
- des histoires d'amours contrariées entre preux et preuses et princesses ;
- une généalogie idéale de la maison d'Este et une louange d'Hippolyte d'Este, mécène du poète.
Le ton est drôle et l'action extrêmement imaginative. De nombreux trésors, monstres et voyages incroyables sont décrits. On peut avoir un bouclier magique qui révèle l'avenir, voler sur le dos d'un hippogriffe, détruire les premières armes à feu avant qu'elles anéantissent la chevalerie, aller sur la Lune. Et on use et on abuse des anneaux magiques qui rendent invisible et des fontaines qui rendent amoureux.
Le prétexte de toute cette histoire est la folie de Roland, le plus grand preux de Charlemagne, rendu furieux par l'amour de la femme qu'il aime, Angélique, avec un jeune sarrasin, Médor. Les preux de Charlemagne, dans une France ravagée par les invasions sarrasines, cherchent le chevalier perdu mais s'égarent chez des magiciennes, dans des sièges épiques, ou tombent amoureux. On notera aussi la présence de femmes chevaliers sacrément badass, Bradamante du côté des francs (ancêtre mythique des Este après ses noces avec le preux sarrasin Roger) et Marphise du côté des sarrasins (la soeur jumelle de Roger).
Pourquoi ce texte ?
Pour commencer, le Roland donne quelques expressions usuelles au français. Rodomont est le plus gros chanmé des sarrasins. On parle de rodomontade pour une vantardise aujourd'hui, mais lui, quand il dit qu'il va prendre une ville d'assaut tout seul en grimpant au mur, ça fout la trouille à tout le monde parce qu'on sait bien qu'il va le faire pour de vrai. Un autre vilain du roman s'appelle Sacripant
Le texte descend en droite ligne des poèmes épiques antiques, l'Iliade, l'Odyssée, l'Enéide, mais aussi des romans de chevalerie et des récits de l'amour courtois. Il est très étudié (il paraît que Hegel en fait une interprétation, mais je ne l'ai jamais lue) et influence durablement les auteurs italiens. Par exemple, j'ai commencé par le lire dans l'édition abrégée d'Italo Calvino quand j'étais gosse. Et Calvino s'en inspire beaucoup pour Le Château / La Taverne des destins croisés (dans un lieu mystérieux, des personnages rendus muets se rencontrent et se racontent leurs histoires - mouvementées - au moyen de lames de tarot). Il est évidemment une grosse influence de la Jérusalem Délivrée du Tasse, aussi commanditée par un Este et qui date du même siècle. Il a été adapté à l'opéra, et c'est cet opéra que chante la cantatrice morte du Château des Carpates de Jules Verne. Wikipédia me dit aussi que même Robbe-Grillet a écrit dessus, où va-t-on.
Bref, si vous entendez dans un livre parler d'Angélique et Médor, de Bradamante et Roger, de Roger et Alcine, de Roger délivrant Angélique, d'un hippogriffe... c'est de là que ça vient !
Quelques œuvres d'art :
Le Roland est très illustré, de la Renaissance au XIXe (mais souvent pas les mêmes épisodes) et certaines images sont très reconnaissables, d'autres moins.
Puisque vous aimez l'assiettologie, je peux proposer quelques assiettes du XVIe siècle :
Roger contre Mandricar
Bradamante
Si vous voyez un couple un peu tout nu dans un bois qui écrit son nom sur un arbre, parfois surpris par un berger, c'est très probablement Angélique et Médor. Elle le soigne, elle en tombe amoureuse, et Roland découvrant, conduit par le berger, leurs graffiti partout, devient fou.
(Toussaint Dubreuil, XVIe siècle)
Angélique a entre autres le problème que tous les hommes qui la voient veulent lui sauter dessus, en particulier un ermite pervers...
(Tintoret, XVIe siècle)
(Rubens, XVIIe siècle)
... mais aussi Roger qui est tout emberlificoté dans son armure, c'est pas pratique.
(Giovanni Biliverti, XVIIe siècle)
Tintoret décore carrément deux galeries complètes dans une villa, l'une avec le Roland, l'autre avec la Jérusalem (site qui rame ici).
A l'exposition Fragonard à Paris on pouvait voir tout un tas d'esquisses, dont une série sur la magicienne Alcine et le séjour enchanteur (et trompeur) de Roger chez elle, ou bien la tentative de viol d'Angélique par Sacripant.
Roland lui-même a moins de succès, des types tout nus et un peu énervés on en a déjà plein, merci.
Jehan Charnod, XIXe siècle
Mais surtout, au XIXe, ce qu'on ADORE, c'est le bondage avec Angélique toute nue secourue par Roger
Ingres
Delacroix
Fantin Latour
Machard
Et on peut aussi citer le fabuleux bronze de Gustave Doré qui semble tenir debout par magie
Quelques liens :
La base des œuvres du Louvre, où on peut chercher par personnage par exemple
La recherche textuelle sur le site du Centre Interdisciplinaire d’Étude des Littératures d’Aix-Marseille
La base Joconde (œuvres des musées de France)
L'Orlando Furioso e la sua traduzione in immagini, avec un super moteur de recherche et la possibilité de comparer des œuvres
Marsh Posté le 30-12-2015 à 20:20:05
Jme suis un peu enflammée
(on remarquera le code du smiley )
Marsh Posté le 30-12-2015 à 20:47:32
Super post comme toujours Biez
Citation : Il ne faut jamais croire à une citation postée sur internet surtout si elle est associée à un nom célèbre. (V. Hugo) |
Marsh Posté le 30-12-2015 à 21:22:02
Bon je pense qu'on peut fermer, personne n'aura le courage de poster après ça
Super taf
Marsh Posté le 30-12-2015 à 23:02:54
biezdomny a écrit : Titre : Roland Furieux (Orlando Furioso) |
Avec la Jerusalem Délivrée du Tasse, ça fait partie de ces livres que je n'ai toujours pas eu le temps de lire.
J'ajouterai des liens avec la musique : Monteverdi, Vivaldi, Haendel...
Marsh Posté le 30-12-2015 à 23:59:53
La Jérusalem se lit plus vite, mais elle est moins fun, c'est beaucoup plus direct même s'il y a des magiciennes et des vilains enchanteurs. Ça manque de la fantaisie de l'Arioste, qui ne se refuse absolument rien.
C'est plus manichéen aussi entre païens et chrétiens, le Roland est plus nuancé.
Marsh Posté le 31-12-2015 à 00:21:40
J'en profite pour remettre ma liste de l'autre topic, mais elle est très orientée Renaissance --> XIXe en art occidental.
biezdomny a écrit : - Sujets bibliques : Ancien et Nouveau Testament ; |
Marsh Posté le 31-12-2015 à 00:51:10
biezdomny a écrit : La Jérusalem se lit plus vite, mais elle est moins fun, c'est beaucoup plus direct même s'il y a des magiciennes et des vilains enchanteurs. Ça manque de la fantaisie de l'Arioste, qui ne se refuse absolument rien. |
Étant assez friand de (pré-)baroque, en particulier de Monteverdi, forcément le Tasse, ça m'interpelle ! Le combat de Tancrède et Clorinde !
Marsh Posté le 31-12-2015 à 01:04:29
RandallBoggs a écrit : Étant assez friand de (pré-)baroque, en particulier de Monteverdi, forcément le Tasse, ça m'interpelle ! Le combat de Tancrède et Clorinde ! |
Avec l'armure qu'elle porte, c'est pas étonnant qu'il gagne
(c'est un peu plus étonnant qu'il ne l'ait pas reconnue )
Marsh Posté le 02-01-2016 à 00:34:30
Je sais pas quoi choisir comme sujet de méditation suivant et j'ai 36 trucs à procrastiner, aidez-moi
Marsh Posté le 02-01-2016 à 12:55:07
La Bible, ça devrait pas être trop long
J'essaie de vous préparer un truc sur Faust bientôt, là c'est juste que j'émerge à peine de 3 jours de crève intensive, et mon cerveau est encore un peu trop dans le confit
Marsh Posté le 09-01-2016 à 22:32:07
Pourquoi c'est important de connaître ses références ? Parce que sinon on comprend rien
Par exemple, j'ai vu passer sur Reddit un post où quelqu'un demande qu'on lui explique ce qu'il y a à comprendre dans cette conversation :
(Et pourtant c'est pas subtil, la dernière bulle aurait pu être omise, ça aurait même été plus efficace je trouve.)
Marsh Posté le 10-01-2016 à 14:45:13
Je ne sais pas si c'est HS, mais à l'occasion de star wars 7 pas mal de journaux ont évoqué une source d'inspiration de George Lucas : le Héros aux mille visages, livre de Joseph Campbell où celui-ci développe le concept de monomythe, selon lequel on peut identifier une structure commune à tous les mythes humains.
Télérama :
Citation : le héros, d'abord homme ordinaire, puis aspiré par un fabuleux destin qui rejoindra ses rêves d'enfant et révélera sa courageuse détermination. Son parcours sera balisé par différentes étapes. Le « départ » d'abord, qui l'extraira de son environnement social pour le propulser dans « l'appel de l'aventure ». Cette première phase d'initiation peut être encouragée par un personnage, par exemple un nain, un sorcier ou un ermite, qui l'incitera à assumer son destin. Suivront une série d'épreuves qui obligeront le héros à franchir des frontières inconnues et à affronter des ennemis, afin de conquérir ce qui assurera la sauvegarde ou le bonheur de l'humanité. « L'exploit du héros c'est de tenter de ramener à la lumière cette Atlantide perdue qu'est notre âme réunie. » écrit Campbell dans le Héros aux mille visages. L'autre vertu des mythes serait selon lui de permettre à l'individu de « s'identifier à l'humanité entière et non plus à une communauté précise. » Ils donneraient enfin de l'espoir. |
Marsh Posté le 10-01-2016 à 16:20:37
C'est complètement pas HS, merci
Marsh Posté le 10-01-2016 à 16:26:26
biezdomny a écrit : Pourquoi c'est important de connaître ses références ? Parce que sinon on comprend rien Par exemple, j'ai vu passer sur Reddit un post où quelqu'un demande qu'on lui explique ce qu'il y a à comprendre dans cette conversation : http://i.imgur.com/xa2BSxe.jpg (Et pourtant c'est pas subtil, la dernière bulle aurait pu être omise, ça aurait même été plus efficace je trouve.) |
Sur Bash ça aurait hurlé au blinkage
Mais oui, c'est tout à fait le genre de référence qui ne devrait pas trop échapper au lecteur quand même.
Je suis en train de me bagarrer avec la Divine Comédie, j'aurais dû prendre une version illustrée, c'est raide.
Je suis admirative des commentateurs qui sont capables à partir d'un demi-vers de ressortir le bottin mondain du Florence de l'époque
Marsh Posté le 11-01-2016 à 15:52:53
biezdomny a écrit : Pourquoi c'est important de connaître ses références ? Parce que sinon on comprend rien |
En fait je trouve que la référence est tellement mal fichue et est tellement assénée au marteau qu'ils ont bien fait de préciser "Judas".
Parce que sans ça... On parle de trente et une pièces (pourquoi 31 d'abord ? Elles sortent d'où les 30 autres ? ça vaut 31 dollars un dollar d'argent ?). Et 31 pièces, c'est pas une référence
Marsh Posté le 11-01-2016 à 16:06:39
XVI_exploslo a écrit :
Parce que sans ça... On parle de trente et une pièces (pourquoi 31 d'abord ? Elles sortent d'où les 30 autres ? ça vaut 31 dollars un dollar d'argent ?). Et 31 pièces, c'est pas une référence |
OK donc on fait bien d'expliquer
Judas Iscariote a vendu Jésus (d'après zeu Holy Bible) pour trente pièces d'argent. Daredevil qui en filerait une (un dollar en l'occurrence) à Stark en disant "voilà ça t'en fait trente et une" suffirait pour faire comprendre que c'est trente-et-une pièces d'argent, soit trente plus une, et donc qu'il assimile Tony à Judas. Pas besoin de plus.
Marsh Posté le 11-01-2016 à 16:11:56
biezdomny a écrit : |
Non mais Judas et les 30 pièces d'argent j'ai compris, merci
Mais là c'est pas 30. C'est 31. Donc la référence est pas hyper fluide. Donc l'auteur a préféré préciser
Marsh Posté le 11-01-2016 à 16:13:18
Ben c'est 31 parce qu'il lui en donne une donc immédiatement tu comprends (normalement ) que ça lui fait 30+1 et donc qu'il est Judas, au contraire, je vois pas ce qu'il y a de compliqué.
Marsh Posté le 11-01-2016 à 16:18:44
Ben tu vois pas ce qu'il y a de compliqué parce qu'il a explicité Mais en lisant juste cette page, quand j'ai lu USD 31, j'ai pas pensé à Judas mvoyez
Marsh Posté le 11-01-2016 à 16:23:07
Citation : Guess that's thirty-one pieces of silver you've got now |
XVI_exploslo a écrit : Ben tu vois pas ce qu'il y a de compliqué parce qu'il a explicité Mais en lisant juste cette page, quand j'ai lu USD 31, j'ai pas pensé à Judas mvoyez |
Enfin bon c'est pas le débat, tant pis
Marsh Posté le 11-01-2016 à 16:25:27
biezdomny a écrit :
|
biezdomny a écrit : |
Hint : seconde case, "silver dollar".
La page aurait quand même été marrante cela dit :
-A silver dollar ? I don't understand...
-Guess that's thirty-one pieces of silver you've got now.
-I... still don't understand... I only have two nickels in my pockets
Marsh Posté le 11-01-2016 à 16:26:53
biezdomny a écrit : Titre : Roland Furieux (Orlando Furioso) |
J'ai lu dernièrement le Kalevala, que j'ai adoré même si ce n'est pas le plus simple à lire. Une amie m'a conseillé Le Roland, dans la même veine on va dire "historique". Je savais que je trouverai sur HFR quelqu'un pour en faire un commentaire.
Merci pour ce retour complet. Du coup je vais probablement en faire mon futur achat.
Marsh Posté le 11-01-2016 à 16:34:05
Lemminkainen a écrit : J'ai lu dernièrement le Kalevala, que j'ai adoré même si ce n'est pas le plus simple à lire. Une amie m'a conseillé Le Roland, dans la même veine on va dire "historique". Je savais que je trouverai sur HFR quelqu'un pour en faire un commentaire. Merci pour ce retour complet. Du coup je vais probablement en faire mon futur achat. |
MA VIE A UN SENS §§§
Je n'ai jamais lu le Kalevala, mais j'en ai beaucoup entendu parler.
Marsh Posté le 11-01-2016 à 18:32:43
C'est vraiment un des meilleurs bouquins que j'ai lu. Après je suis peut être pas objectif, parce que j'étais dans un super état d'esprit pour le lire, du coup je suis rentré tête baissée dans le livre, j'ai été transporté.
Bon, avec wikipedia/amie qui étudie les cultures nordiques/dictionnaire histoire de pas être perdu.
Marsh Posté le 30-12-2015 à 14:21:17
Il y a plus affaire à interpreter les interpretations qu’à interpreter les choses, et plus de livres sur les livres que sur aultre subject ; nous ne faisons que nous entre-gloser.
(Montaigne, chapitre 13, Livre III des Essais)
(Commencer par une citation ça fait toujours classe sur la télé)
Quand on s'intéresse à la littérature, aux beaux-arts ou à la musique il y a un référentiel d'oeuvres qu'il est intéressant d'avoir lu car elles constituent une sorte de pot commun de culture dans lequel tout le monde vient piocher.
L'ambition (très raisonnable) de ce topic est de gloser à loisir sur ces sources littéraires, leur influences, leurs interprétations au fil du temps.
On tâchera (peut-être) de formaliser les choses de manière à retrouver ses petits via un sytème élaboré qui reste à définir (j'ai dit peut-être ).
Toutes les bonnes idées sur la forme sont les bienvenues. Notamment pour rebaptiser ce topic qui a un titre chiant à mourir
Message édité par Tillow le 30-12-2015 à 18:00:44
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Stabatmaterophile - Witches, Bitches and Britches.