cherche critique chap 1 de mon roman H fantazy - Arts & Lecture - Discussions
Marsh Posté le 20-12-2004 à 15:18:07
js' avais pas que c'était merdeux au point que personne n'ose repondre
Marsh Posté le 20-12-2004 à 15:39:54
oui ben minute papillon, y'a pas le feu
Marsh Posté le 20-12-2004 à 15:47:30
tu poste ton chapitre a 13:50 et tu espere avoir une analyse du texte a 15h ? Tu devrais regarder dans les autre thread le temp entre le post d'un chapitre et le psot de la premiere critique...
Marsh Posté le 20-12-2004 à 15:57:21
ReplyMarsh Posté le 20-12-2004 à 16:02:50
dans un monde sans mélancolie, les rossignoles se mettraient à roter
je sais plus de qui, mais j'aime bien- aucun rapport avec le reste, mais j'aime bien, c'est pour passer le temps
Marsh Posté le 20-12-2004 à 16:05:16
ReplyMarsh Posté le 20-12-2004 à 16:10:26
talbazar a écrit : t'as lu? |
Pas encore, j'ai pas la motive !
Marsh Posté le 20-12-2004 à 16:12:12
Hello tous,
Lu et beaucoup aimé ce premier chapitre.
Si la suite est du même calibre, ça s'annonce plus qu'intéressant.
Félicitations.
Je ne suis pas un adepte de la revue de détail, mais je crois que les plus pointilleux vont prendre grand plaisir à t'aider.
As-tu déjà écrit d'autres chapitres ? Si c'est le cas, j'en veux .
J'en profite pour souhaiter d'excellentes fêtes à tout le monde.
Marsh Posté le 20-12-2004 à 16:22:55
Tout pareil : histoire prenante et pas mal écrite malgrè deux ou trois lourdeurs/maladresses de style.
Sais-tu vers où tu vas (tu tiens ton intrigue, tes personnages)?
Marsh Posté le 20-12-2004 à 16:41:00
j'ai bien aimé aussi , le combat un peu court par contre
a quand la suite ?
Marsh Posté le 20-12-2004 à 16:54:00
merci les gars zet les filles
pour la genese de l'histoire voilà:
je tairais mon age par espect pour ma mère. Il y a 20 ans, coincé dans les montagnes suisses, j'ai commencé cette histoire. C'était quequelchose d'assez immature. je n'avais même pas lu tolkien, mais je bouffais pas mal de bd (ha Metal Hurlant ...!)Depuis, il y a 4 tomes:
1 Le sabre de l'aigle
2l'aile de la colombe
3le souffle de sloups
4l'oeil du paon
un livre par génération (cte blague !)
je pense avoir fait des efforts depuis
non je vais pas mettre le book en ligne, mais chap 1 des 4 livres, pour estimer si y il a progression, on n'est rien sans lecteurs
Marsh Posté le 20-12-2004 à 16:59:21
Lol
Faut pas mettre sa date de naissance dans son profil à l'enregistrement si on ne veut pas dévoiler son âge
4 tomes déjà écrits ? Es-tu vendu quelque part ?
Marsh Posté le 20-12-2004 à 17:09:22
arrgh ! je suis fait bon je suis vieux, ok, et ce forum est des fois un supplice, post thread, up ... je souffre
non pas vendu pas edité je respecte les gens, je veux voir.
Marsh Posté le 20-12-2004 à 17:22:15
talbazar a écrit : arrgh ! je suis fait bon je suis vieux, ok, et ce forum est des fois un supplice, post thread, up ... je souffre |
Pas vendu, pas édité, pas de post des chapitres suivants mais tu annonces 4 tomes déjà écrits....
Comment faire pour te lire alors ?
Si ça en reste là, ou sur la diffusion sur ce forum des premiers chapitres de tes 4 tomes, laisse moi te dire que je trouverai ça plutôt impoli de ta part. Demander ardamment des avis sur un premier chapitre en frustrant ceux qui t'ont lu de la suite de l'histoire alors qu'elle est déjà écrite... j'avoue que ça va pas me plaire
Je t'invite à réfléchir à des solutions
Marsh Posté le 20-12-2004 à 17:32:37
vrai, je n'ai pas pensé au fait qu'on pouvait venir ici pour avoir envie de lire la suite aussi ardemment. Je voulais juste une critique sur le style et tout. Si j'avais fait fuir tout le monde, je retournai à mon chevalet. Mais si ça accroche, alors je chercherais un éditeur aussi motivé que toi, c'est sur, mais bon je met pas les chap 1 des autres tomes, alors? Si je suis pas poli, je m'excuse, mince frustrer les gens, tu me donne un compliment là.
Marsh Posté le 20-12-2004 à 17:37:24
si j'avais su que n'aurai pas lu et je ne t'en aurai pas dit du bien ...
si tu crois que tu vas trouver grand monde pour lire tes chapitres 1 ...
Marsh Posté le 20-12-2004 à 17:43:29
piloud a écrit : si j'avais su que n'aurai pas lu et je ne t'en aurai pas dit du bien ... |
vous confondez salon de lecture et forum, les gars. Tu vois, d'abord le truc te plait et apres tu n'aime plus, simplement parce que tu n'auras pas la suite, y un truc qui cloche là aussi
c'était critique du chap 1, maintenant j'suis bien marrie crotte
Marsh Posté le 20-12-2004 à 17:50:01
[b]Bon cessez le feu : compromis chap 2 mais faut lire, si ça fait mal
CHAPITRE 2
La mort dUshidi
Lévocation de ce jour enfui qui lavait promu Seigneur dUkbar, maître du domaine au nom similaire, restait pénible à la mémoire du chevalier Pheder. Il aurait aimé réduire ce souvenir en cendres comme le faisait à présent le grand feu, qui brûlait toujours avec vigueur dans lâtre, irradiant dans son dos une bienfaisante chaleur. Terminant avec délectation son second pichet, il sessuya les lèvres dun revers de manche, paya son dû et sortit.
Maintenant, le soleil perçait enfin franchement la couche de nuages qui se dispersaient en seffilochant, et les rues commençaient lentement à se remplir de monde. Pheder dut se plaquer rapidement contre un mur pour laisser le passage à un âne chargé de lourdes marchandises. La journée dans lîle-citadelle promettait dêtre belle. Selon la règle, Ukbar et ses terres étaient sous son pouvoir pour le reste de sa vie, il sy était donc installé en compagnie de toute sa famille. Toutefois, le mal étrange dont il sétait cru libéré le repris peu de temps après son arrivée au château, lobligeant à revenir vivre sur Oberayan pour se soigner; mais les potions que lui faisait avaler les meilleurs apothicaires du royaume restaient sans effets. Profondément déprimé, accablé la nuit par des cauchemars et des visions innommables, il résolu de ne plus quitter Oberayan. Son père soccupait en son absence des affaires dUkbar. La veille de ce jour qui le voyait arpenter la ruelle, il se trouvait encore dans cet état desprit lorsquun des chevaliers était venu lavertir de la demande dUshidi ; qui lui donnait rendez-vous dans son logis à la onzième heure. Dépassant lenceinte royale, Pheder pénétra dans la cour intérieure du château où les domestiques menaient tranquillement leurs matinales activités. Il monta ensuite sans hâte excessive lescalier de la tour qui abritait la salle darmes. En peu de temps, il fut à la porte de la chambre dUshidi, que celui-ci ouvrit immédiatement dun geste lent et mesuré. Si lent
! se disait Pheder en lui-même, jetant sur le maître un coup dil furtif mais respectueux. Le poids des ans accablait sans appel ce vieux corps. Pheder ne connaissait pas dautre vieillard que lui et restait très impressionné. La respiration du vieil homme devenait sifflante, rendant plus pertinent le bruit courant chez les jeunes avides de ragots quil sétait déjà choisi son successeur parmi les «quarante». Pheder quant à lui se demandait si le vénérable que Moud épargnait si généreusement nétait pas tout simplement immortel. Comme sil eut surprit les pensées du chevalier, Ushidi redressa aussitôt les épaules, fixant son invité de ses yeux noirs et brillants qui gardaient intact lintensité de leur jeunesse. Sa grande robe jaune, insigne de sa fonction, flottait sur son corps amaigri et la ceinture de cuir teinte de carmin serrait sa taille grâce à un nouveau trou. Limage du maître âgé, certes, mais encore solide et fort, cette image dUshidi, Pheder dut faire un réel effort pour la retrouver. Ushidi le fit asseoir en lui présentant une coupe en cristal remplie dun vieux vin. Buvant lui-même à une coupe identique, il senfonça dans un fauteuil garni de fourrures.
- « Ce vieux vin est-il à ton goût, chevalier? »
- « Il est très bon, assurément et jen ai rarement bu de meilleur ! »
En répondant à Ushidi, Pheder songea immédiatement à celui quil venait de boire à la taverne. Ce dernier ne soutenait évidemment pas la comparaison. Pendant quil buvait, Ushidi ne quittait pas son interlocuteur des yeux, pointant sur lui son étrange regard. Pheder voyait clairement quil narrivait pas à formuler correctement ce quil avait à dire ; probablement une communication officielle dune extrême importance...
- « Je tai soufflé sur le visage, autrefois, tu ten rappelles? Je tai passé la main sur une flamme, je tai frappé du plat de mon sabre, et tu es devenu chevalier... Comme il est dure de renoncer avec toute le grâce nécessaire à sa jeunesse ! La fatigue et la solitude forme un couple maudit qui nengendre que de sombres terreurs. Il faut pourtant savoir triompher de ses propres chimères, et ce nest pas laffaire dune épée
Vois-tu, Moud va bientôt memporter, cest pourquoi je tai fait venir. »
Pheder voulu le rassurer mais le vieillard larrêta dun geste vif, comme si son affirmation nétait plus quune vaine évidence. Le vénérable se leva lentement de son siège et avança la main, quil avait sèche et ridée comme la serre du milan, dans lintention de remplir sa coupe. Finalement il y renonça, reprenant :
- « Je désire toffrir un présent digne de ton rang, seigneur dUkbar ! »
Sur ces mots, Pheder le vit ouvrir lunique buffet de la chambre pour en tirer un rouleau de velours rouge, brodé de fins et brillants fils dargent. Il posa lobjet délicatement sur la table, écartant le cruchon de vin. Sanglée de rubans noirs, la pièce de tissu protégeait certainement un objet lourd et précieux. Ushidi entreprit de défaire les nuds des lacets avec la même attention méthodique et déroula lécrin improvisé. Pheder ne put retenir son émotion en contemplant lobjet mit à nu. Déjà le maître sen emparait pour le tendre à Pheder qui prit avec respect le mince fourreau, sachant quil protégeait le propre sabre du maître. Un long étui de cuir noir gravé des signes de Moud et qui renfermait la lame sacrée des ancêtres. Sur la garde de larme une incrustation de nacre dessinait laigle dOberayan en captant fugacement léclat du soleil.
Pheder tenait dans ses mains une des reliques les plus sacrées de lîle. Décontenancé par loffre dUshidi, qui lui remettait une arme sur laquelle aucune main profane nétait autorisée à se poser ; il remit le fourreau sur la table sans dégainer larme. Le vénérable semblait se jouer de linterrogation muette quil lisait sur le visage du chevalier.
- « le sabre nest plus aujourdhui quun objet de folklore inutile, bien sûr on le dit forgé dans lenfance du monde par les Gobelins, mais je ny crois guère. Il a été transmis au cours des siècles et sans interruption à chaque maître darmes de la cité. Sa lame symbolise la victoire dOberayan sur Anamaying, son ancienne rivale. On peut même affirmer quelle fut linstrument de son triomphe. Mais tu sais cela comme nous tous qui avons lu le Livre de Moud...
Certainement Pheder connaissait laura sacrée qui entourait ce sabre. Comment Ushidi pensait-il avoir le droit de sen défaire et quallait dire le roi si Phéder se promenait dans les rues dOberayan avec une telle arme à ses cotés ? Ce sabre nappartenait quaux ancêtres et devait être transmit au prochain maître des armes nommé lui-même par Ushidi. La proposition de ce dernier tenait du sacrilège, elle navait pas de sens et Pheder crût un instant que les vapeurs de vin égaraient lesprit du vieux maître. Celui-ci semblait pourtant parfaitement lucide. Il dévisageait toujours Pheder qui fronçait les sourcils en ne sachant que dire. Pour prouver quil nétait pas tombé subitement fou il reprit la parole dune voix étonnement ferme :
- « Le sang que fera bientôt jaillir cette arme effacera la tradition! Mais elle doit avoir un possesseur et cest à toi que Moud désire la donner. A toi seul !.
Que voulait dire cette soudaine prophétie ? Pheder hésitait toutefois à douter complètement de la raison du maître et fixait le sabre dun oeil inquiet. Nexistait-il pas des chevaliers plus valeureux que lui sur Oberayan ? Certes il avait acquis la seigneurie dUkbar, mais il restait convaincu quil ne la devait quà la divine intervention de Moud et quen conséquence, lamazone ne pouvait pas le vaincre. Pour la deuxième fois, Ushidi plaçait le poids des ancêtres sur ses épaules, à lui qui nétait ni ambitieux ni sage. Lidée seule de tenir le sabre des ancêtres achevait de le scandaliser. Son vénérable vis-à-vis au regard à présent hermétique et fuyant, sempara du sabre tout en se dirigeant vers la porte, animé semble-t-il dune curieuse détermination :
- « Les choses de la matière se voient parce quelles agissent, parce quil existe un principe de vitalité. Mais cest en lesprit que réside la vrai force, la vrai puissance. Cest dans le pouvoir de ton esprit que réside la vrai stabilité. Suis moi !»
Ils passèrent dans la longue salle darmes, une pièce immense et froide, avec de hauts piliers qui la soutenaient en files parfaites le long des murs, et se rejoignant au sommet en un croisé parfait. Sur la voûte ainsi formée les anciens maîtres dart avaient peint de magnifiques scènes de batailles. Lune delle, particulièrement, accrochait tout de suite le regard. On y distinguait lancêtre royal Phalip kaenesh tenant dans sa main gantée de fer le sabre des ancêtres. Il frappait les assaillants, des soldats dAnamaying qui surgissaient autour de lui au milieu des remparts dUkbar. Ainsi figuré par son image, lancêtre triomphant investissait complètement la peinture de sa présence. Il sembla même un instant à Pheder que le sabre venait de fendre lair pour frapper. Le cheval du monarque était aussi noir que le propre étalon de Pheder, dont la robe ressemblait au fruit du sureau. Accrochés aux quatre murs de la salle, les écus de tous les chevaliers connus dOberayan témoignaient de lancienneté de la tradition et de la mémoire sacrée des éternels quarante. Ushidi tendait le fourreau noir à Pheder :
- « Prends le ! »
Pheder, comme hypnotisé par lordre du maître, sempara de larme sans plus chercher à cacher sa gêne ; puis il senhardit pour poser enfin la question qui lui brûlait les lèvres :
- « Quattendez-vous de moi, maître Ushidi ? »
- « Que tu dégaines ce sabre. Les émotions sont une chose, et les actions une autre !»
Le ton de la voix était impératif et Pheder sexécuta. A linstant même où ce dernier sortait la lame luisante de sa gaine de cuir, Ushidi décrochait du mur une vieille rapière nommée Acquisitio, ébréchée et rongée par la rouille :
- « Sais-tu ce quon appelle lempathie, mon fils ? cest la capacité de comprendre et reconnaître les émotions de l'autre, quand bien même il serait ton pire ennemi. Un combat ne sert à rien s'il ne fait pas naître la paix, qui n'est pas l'endormissement ! Nous allons voir comment se comporte le sabre des ancêtres entre tes mains, jeune chevalier, que l'esprit circule dans ton bras, et que tout mon savoir taccompagne ! »
Pheder, de plus en plus décontenancé, se demandait pourquoi le maître se jouait ainsi de lui... Poussé par quelle hérésie lavait-il fait venir en ces lieux pour manier une arme quil naurait même pas du toucher ? Encore moins dans un duel, même courtois, avec le vénérable... Celui-ci terminait linspection de sa lourde épée:
- « Tu nest plus un novice, mon fils, Prends ta garde, seigneur dUkbar ! ne te disperse pas, et ressens ce que je ressens ! »
Linjonction du maître, formulée sur le ton de lexercice, agit instantanément sur les réflexes entraînés par lhabitude des milliers dheures dentraînement et Pheder prit aussitôt le sabre à deux mains en le levant devant lui à la verticale. Face au vieil homme, Pheder ne pouvait sempêcher de penser à lindécence de la scène et de sa position. Ushidi rendit un salut identique et ne semblait pas outre-mesure incommodé par le poids de son arme antique. Contrairement aux apparences, le vieil homme saffirmait encore très fort; il porta rapidement le genou gauche en avant et les fers se croisèrent brutalement. Dans les mains de Pheder, qui navaient pas lexpérience du sabre, la mince lame des ancêtres se montrait dune extrême légèreté.
- « Vois comme il tobéit ! »
Ushidi lança cette injonction en tentant de porter un coup sur la droite du chevalier, mais Pheder sentait que le maître ne cherchait pas à utiliser son immense technique. Bien sûr il donnait mal le change en plaçant quelques habiles tentatives, mais sans acculer Pheder, qui comprit alors que le maître se jouait bien de lui. Malgré lusure du temps qui marquait son corps amaigri le vieil Ushidi se montrait toujours dune extrême habileté. Pheder se demandait ce que voulait dire un tel exercice gratuit, les feintes grossières du vieillard, qui ne lui apprenait pas grand-chose sinon la scandaleuse manipulation dune lame taboue. Le chevalier restait intrigué, mais dans le clair-obscur de la salle darmes le combat augmenta soudainement dintensité ; Ushidi le chargeait à présent avec une violence qui décontenança le jeune seigneur. Le vieux maître faisait tournoyer Acquisitio au dessus de sa tête comme un dément et la force mise dans ce geste contredisait les coups mesurés dun simple entraînement. Pheder comprit quUshidi cherchait à le tuer vraiment, et à la suite de quelques échanges très durs, le doute ne fut plus permis. Pheder parait désespérément les coups du vieillard qui se jetait sur lui en ahanant. Pheder protégeait sa vie, lépée à la main, pour la deuxième fois de sa vie. Les frappes dUshidi étaient dune férocité insensée. Pheder tenta de raisonner son adversaire.
- « Maître... ! »
- « Blesses, blesses à mort ! soit efficace !»
Comme un loup enragé, Ushidi fonçait sur Pheder pour lobliger à lutter, et ce dernier devait contre-attaquer sans répit. Se ruant à son tour, il dressa son sabre dans lespoir de désarmer Ushidi qui paru connaître à ce moment une intense jubilation. Voyant Pheder agir enfin selon ses désirs, il ne recula pas selon la logique, mais savança vers le chevalier en baissant sa garde. Surpris par ce comportement irrationnel, Pheder ne put faire dévier le sabre à temps et la lame déchira lair en sifflant, sabattant sur le crâne dUshidi en le coupant en deux, éjectant sur la robe jaune du maître darmes un terrible flot de sang.
Hébété par cette funeste action; Pheder resta un moment à contempler le corps de sa victime défiguré par lhorrible blessure, qui gisait à présent sur la mosaïque compliquée du sol. Réalisant enfin pleinement la mort dUshidi, il laissa glisser le sabre à terre, puis il jeta sur la salle darmes un regard circulaire. Une tenture sagita un instant, puis souvrit, laissant le passage au Roi Umesh Nader qui sapprocha du jeune homme en lui posant la main sur lépaule dun geste rassurant :
- « Jai tout vu, rude bretteur !. Mais ne crains rien, Ushidi vient bien de se tuer lui-même en saidant de son propre sabre, réalisant ainsi sa dernière volonté. Une triste péripétie, en quelque sorte... Il men avait fait part; de ça et de beaucoup dautres choses encore... Rien ni personne naurait pu arrêter le cours des choses car Ushidi désirait ardemment ce sacrifice ».
A ce moment, ponctuant les dernières paroles du roi, les cloches de la crypte des Saints Ancêtres se mirent à sonner à toute volée. Elles accompagnaient sans nul doute le Ka dUshidi au paradis de Moud et sonnaient en même temps pour annoncer la délivrance de la Reine Kalash, qui venait de mettre au monde une fille splendide que lon prénomma Eyin. Précisément, lesprit dUshidi, en séchappant à cet instant, planait désormais sur elle. La princesse ne pouvait espérer plus noble parrainage que lesprit tutélaire du vieux maître.
Le Roi Umesh Nader, un homme dune quarantaine dannées à la barbe déjà grisonnante, disciplinait sa longue chevelure par un bandeau de cuir garnit de joyaux précieux. Ses yeux verts qui attestaient du lignage des Nader luisaient dune grande intelligence. Une épaisse moustache soulignait un nez typique de sa grande famille, laquelle succéda autrefois aux Enesh sur le trône dOberayan. Fatigué par la lutte, abasourdi par lacte quil venait de commettre sans lavoir voulu, Pheder essayait à grand peine de se ressaisir et reprenait difficilement conscience avec la réalité. Umesh Nader se tenait toujours en face de lui dans une attitude compatissante et le son de la voix du monarque empêchait Pheder de se concentrer sur le cadavre dUshidi étendu à ses pieds. Saisissant la manche de la tunique de Pheder, le roi entraîna celui-ci hors de la salle en disant :
- « Le sabre des ancêtres tappartient de droit désormais. En se donnant la mort, jinsiste bien sur cette version des choses, Ushidi a brisé la chaîne de la loi. Il a tranché le sabre. Que son esprit accompagne Moud dans la paix suprême. Il ny aura dailleurs plus de maître des armes car les quarante chevaliers dont tu fais parti seront les derniers. Cest la volonté de Moud ! Oberayan vit depuis si longtemps dans la paix quelle ne doit plus conserver en son sein une tradition dangereuse qui pourrait se retourner un jour contre elle. Les coutumes guerrières nont plus de sens. Il faut relire la parole de Moud. Pour ce qui est du maître, jefface ta culpabilité, je tassure que tu navais pas le choix ! »
En pénétrant à la suite du monarque dans le donjon abritant la famille royale, linquiétude de Pheder ne cessait de grandir. Les aveux dUmesh Nader révélaient un grand sacrilège, comme le fait que lui-même portait à sa hanche larme du crime dUshidi, la relique sacrée des ancêtres ! Pourtant, par lordre donné, il devenait le nouveau gardien de la lame et le sabre ne devait plus le quitter jusquà sa propre mort. Tous ces faits réunis contredisaient son enseignement, rien dans lîle-citadelle dOberayan nexigeait que les coutumes soient brisées. La tradition habitait le Livre de Moud, Moud était la loi et le Roi son outil. Ors le livre de Moud... Le roi linterrompit dans le cours de ses pensées :
- « Seigneur dUkbar, je discerne dans ton attitude que mes propos taffectent plus que je ne laurais désiré... Peut-être vois tu en moi un pontifiant penseur, mais tu dois comprendre que si Moud na quune parole, les gens dOberayan, eux, ont deux oreilles. Nous devons réétudier le Livre des Ancêtres avec plus de soin que par le passé. Le sacrifice des vieillards est une tradition qui senlise. Cest un rituel qui est peut-être moins exigé de Moud que par le tabou de la forêt dObyn qui nous empêche dy pénétrer pour y réaliser notre expansion. Pourtant le monde est vaste et ne se limite pas à lîle dOberayan ou à ton propre fief ; personne ne lignore vraiment. En tant que seigneur du domaine dUkbar, tu est bien placé pour reconnaître que la forêt dObyn na pas plus de limites apparentes que la mer dAnyg elle-même. Le fait que nul ne soit jamais revenu de ses pièges ne doit plus nous décourager. De la même manière, nos marins qui sécartent trop dOberayan sont à jamais capturés par les djinns des eaux, mais les grands mystères seront percés et les tabous tomberont. Cest Ushidi qui ma amené à constater notre coupable persistance à vouloir occulter lavenir. La tâche est certainement trop lourde pour moi et lhostilité dOberayan sera grande. Moi-même je vis encore dans la crainte des tabous ancestraux; mais une princesse est née et comme dit le livre de Moud :
Du sang du passé jaillira le sang du futur.
Après cette longue diatribe le roi introduisit Pheder dans la chambre royale où la reine Kalash Nader se reposait au milieu dun superbe lit à baldaquin en noyer sculpté. Ses longs cheveux blonds encore collés à ses tempes par la sueur balayaient doucement le petit enfant à qui elle venait de donner la vie. Umesh Nader se fendait dun immense sourire :
- « Vois, chevalier !, il me faudra un prince pour ma fille ! »
Trois servantes qui avaient assisté la reine lors de son accouchement tournaient à présent autour du lit. Elles saffairaient à remettre de lordre sur celui-ci. Les deux hommes sécartèrent. La princesse Eyin, que lon navait pas encore emmaillotée, dormait sur sa mère. Pheder devina sur cette chair naissante les traits caractéristiques des Nader. A peine remit de son duel avec Ushidi ce spectacle tranquille et paisible contrastait avec le tumulte négatif de ses propres sentiments. Il quitta la pièce à la suite du Roi.
- « Moud ma gratifié dune fille et je devrais mestimer comblé... »
Umesh, volubile, parlait toujours en précédant Pheder dans une nouvelle salle, beaucoup plus grande que la chambre luxueuse quil venait de quitter. Il sinstalla sur un banc garni de superbes coussins blancs ; reprenant la conversation :
- «
Mais laigle dOberayan représente une lourde charge à laquelle je ne puis me dérober. Les gens de lîle doivent apprendre à reconsidérer leur vision du monde. Avec laide de Moud, et de son magistère. »
Sa référence à Moud choqua Pheder si profondément quil préféra éviter le regard du Roi. Elle impliquait la fin des bienheureuses certitudes et le début dun grand bouleversement dans le royaume. Pheder estimait que le Roi possédait toute ses facultés mentales, mais il ne reconnaissait pas dans lexposé du monarque la véritable parole de Moud. Comment considérer avec autant de légèreté les tabous millénaires de la mer dAnyg et de la forêt dObyn, et envisager avec une telle désinvolture le sabre de laigle ? Que deviendrait la tradition dOberayan sans maître des armes ? Il ne comprenait pas le sens des paroles, comme il ne comprenait toujours rien au suicide dUshidi. Pourtant il avait bel et bien tué ce dernier. Alors, lentement, langoisse qui létouffait depuis toujours, ce vague mais lancinant sentiment doppression, les fulgurantes crises qui sabattaient sur lui depuis environ une année, sabattirent sur ses épaules avec une telle violence quil crût que le monarque lavait frappé. Toutefois, il devinait quil se forgeait lui-même cet atroce tourment. Il entendit vaguement une sorte dappel invisible et cette curieuse sensation lui fit reprendre conscience immédiatement. Le Roi qui se taisait à présent ne sétait douté de rien et regardait pensivement par la fenêtre. Libéré de cette affolante et subite douleur morale Pheder se leva de son siège. Le sabre en glissant sur sa taille émit aussitôt un bruit feutré auquel il devrait shabituer. Il remercia sur-le-champ Umesh Nader avant de le quitter, pour sa condescendance, qui lui épargnerait la hache du bourreau. Ensuite il descendit dun pas vif les marches en colimaçon du donjon pour retrouver les rues bondées autant quanimées, où les gens vaquaient à leurs affaires sous un ciel devenu de plomb. Les auberges bruyantes regorgeaient de buveurs, les ménestrels jouaient de leur chalémies, cromones et autres tympanons, les acrobates et saltimbanques drainaient la foule sur les places où damoiseaux et damoiselles revêtaient leurs plus beaux costumes. Retrouvant sa chambre, le jeune homme posa sur son lit le sabre dUshidi qui lui brûlait la cuisse et sendormit, larme sacrée à son côté, dun sommeil quil devinait déjà plein de cauchemars.
Deux jours plus tard, on incinéra le maître darmes Ushidi avec tout lapparat dû à son rang. Une foule énorme assistait à la mise à flot de la barque funèbre sur laquelle sentassaient les fagots du bûcher. Le corps dUshidi, recouvert dun linceul jaune, trônait au milieu des branchages auxquels un chevalier de la guilde des quarante mit le feu. Les compagnons de celui-ci, les élèves du maître que Pheder aurait dû rejoindre, semparèrent de leurs arcs, et au moment où lembarcation fumante sélançait sur les flots, une nuée de flèches vint frapper leau autour delle. Les traits des chevaliers tuaient ainsi symboliquement les djinns des eaux désireux de semparer des cendres du vénérable. Ors, Pheder, saisi de fièvre, ne se déplaça pas. Il dormit au contraire trois jours et trois nuits de suite, couvert de sueur, délirant dans un mauvais sommeil. Il fit un rêve étrange, dans lequel le roi Umesh Nader se faisait dévorer par un grand loup malgré son armure dorée, dans une obscure vallée, et Pheder tuait le loup et le jetait dans un immense brasier. Un autre songe voyait la reine Kalash vêtue d'azur allaiter un dragon, sous le regard de sept paysans cultivant un beau jardin orné dun grand rosier, où jaillissait au milieu des parterres une eau claire et cristalline, un troisième rêve lui montra le combat tumultueux de trois oiseaux blanc, rouge et noir prisonniers dans les larmes d'un géant de verre.
La femme qui lui louait la chambre le découvrit finalement devant sa porte, la tunique couverte de vomissures. Après lavoir lavé, elle lui administra des tisanes et des fumigations qui semblèrent obtenir un certain succès. Il se remit peu à peu et salimenta normalement. Il participa même au festin quUmesh avait donné en lhonneur de la princesse Eyin. Mais Pheder, épuisé, ne sintéressa guère aux réjouissances des festivités, arborant un air absent devant les danseuses pourtant actives à le dérider. Le dresseur dours neut pas plus deffet, pourtant la bête superbe faisait habilement le poirier, en se tenant sur les pattes arrières. Les jongleurs et les ménestrels neurent pas plus de chance de le sortir de sa torpeur figée. Pheder quitta donc la salle du banquet immédiatement après le repas, assurant le Roi de ses vux, et se fit conduire vers les terres du nord que la brume masquait. Le passeur, un homme curieux et bavard, propageait sur le fief dUkbar les baratins de lîle-citadelle. En posant pied à terre sur le rivage, le chevalier se retrouvait à présent sur ses propre terres. Il parcourut un instant la plage et enfourcha son cheval que lon faisait patienter dans un champ proche. En remerciant lhomme qui lui présentait les rênes il prit au galop le chemin du domaine dUkbar.
Marsh Posté le 20-12-2004 à 17:50:49
talbazar a écrit : vous confondez salon de lecture et forum, les gars. Tu vois, d'abord le truc te plait et apres tu n'aime plus, simplement parce que tu n'auras pas la suite, y un truc qui cloche là aussi |
non. les habitudes du lieu font que generalement il y a plus d'un chapitre. c'est tres dur de donner son opinion sur un seul chapitre.
si c'est sur ton style que tu veux des commentaires, alors il vaudrait peut-etre mieux que tu participes aux topic ecriture
Edit: et vala, juste à ce moment là il met le 2eme chapitre
Marsh Posté le 20-12-2004 à 18:13:46
Je pointe mon grain de sel pour dire que j'ai du harceler Talbazar pour qu'il poste ses chapitres ici! Ne lui jetez pas la pierre parce qu'il ne met qu'un chapitre, à la base, il ne voulait rien mettre mais j'aurais trouvé dommage de ne pas vous en faire rpofiter!
Perso, j'ai trouvé ça vraiment excellent!
Marsh Posté le 20-12-2004 à 18:17:32
Pas encore eu le temps de le lire. J'ai jeté un oeil en diagonale et à mon avis j'y prendrai plaisir.
A une condition: cesser de multiposter comme tu le fais sur ton topic. C'est absolument insupportable, et ça donne envie de baffer plutôt que de lire. Ce qui est quand même dommage.
Marsh Posté le 20-12-2004 à 18:17:35
Sheratan a écrit : Je pointe mon grain de sel pour dire que j'ai du harceler Talbazar pour qu'il poste ses chapitres ici! Ne lui jetez pas la pierre parce qu'il ne met qu'un chapitre, à la base, il ne voulait rien mettre mais j'aurais trouvé dommage de ne pas vous en faire rpofiter! |
je viens de t'envoyer un mail
defouraillons, brave épée, à gauche, à droite allons y chevalier !
Marsh Posté le 20-12-2004 à 18:29:51
Grenouille Bleue a écrit : Pas encore eu le temps de le lire. J'ai jeté un oeil en diagonale et à mon avis j'y prendrai plaisir. |
Bagarre générale :
de la fantazy à l'état pur,
ok j'arrête de multiposter
Marsh Posté le 20-12-2004 à 19:17:10
Sheratan a écrit : Je pointe mon grain de sel pour dire que j'ai du harceler Talbazar pour qu'il poste ses chapitres ici! Ne lui jetez pas la pierre parce qu'il ne met qu'un chapitre, à la base, il ne voulait rien mettre mais j'aurais trouvé dommage de ne pas vous en faire rpofiter! |
maintenant tu peux le harceller pour qu'on ai le 3
merci pour le 2
Marsh Posté le 20-12-2004 à 19:35:58
bon j'ai lu le premier chapitre et je dis
ça donne trop envie de connaitre la suite
sinon, 3 ou 4 remarques en passant (mais je ne suis absolument pas specialiste donc à prendre avec des pincettes):
- je trouve que le premier paragraphe est "lourd", c'est toujours le meme rythme. je le verrais bien plus "poetique"
- "Il devenait alors le jouet dun mal profond, indéfinissable par des mots": par des mots est pour moi de trop, si c'est indifinissable, c'est qu'il n'y a pas de mots pour le décrire
- "Toujours assis sur le banc de bois de la taverne, le chevalier finissait le contenu de son pichet, quand il appela la servante pour quelle le remplisse à nouveau. La jolie jeune fille séloigna ensuite pour remettre une nouvelle bûche dans limmense cheminée où de hautes flammes sen emparèrent" : pour moi, il manque quelque chose entre ces 2 phrases, la serveuse est pas arrivée qu'elle séloigne déjà, je trouve ça bizarre...
pi sinon, j'aurai bien aimé que le combat dure plus que 3 échanges, on a à peine le temps d'imaginer la scene...
Marsh Posté le 20-12-2004 à 20:05:01
Mon avis:
C'est tres bon. L'intensive description des traditions de ton monde est plaisante a lire. A partir de la, je pense que quitte à developper autant l'univers, il aurait été plaisant de retrouver ce soucis du détail dans les descriptions des lieux qui sont parfois vague. En fait, on ne sait meme pas si Pheder est blanc ou noir...
Tes paragraphes descriptifs forment de gros blocs. Je pense que le rythme de lecture gagnerait à être reconstruit. Inconsciemment, on lit les paragraphe d'une traite, et comme les tiens sont très longs, cela devient parfois pénible et on perd le fil.
Marsh Posté le 20-12-2004 à 20:26:53
deidril a écrit : Mon avis: |
bravo pour l'absence de description de Pheder, je vais y penser, elle arrive bien loin de là merci à tous de me lire
c'est cool et vos remarques tres exactes grenouille bleue va m'engueuler
mais ma dague est dans ma botte
Marsh Posté le 21-12-2004 à 10:05:32
Le deuxième paragraphe nous plonge un peu plus dans l'histoire et on commence à être frustré de s'arrêter là!
Alors postes-en encore
Marsh Posté le 21-12-2004 à 10:36:30
talbazar a écrit : vrai, je n'ai pas pensé au fait qu'on pouvait venir ici pour avoir envie de lire la suite aussi ardemment. Je voulais juste une critique sur le style et tout. Si j'avais fait fuir tout le monde, je retournai à mon chevalet. Mais si ça accroche, alors je chercherais un éditeur aussi motivé que toi, c'est sur, mais bon je met pas les chap 1 des autres tomes, alors? Si je suis pas poli, je m'excuse, mince frustrer les gens, tu me donne un compliment là. |
Question de principes et de recherche du plaisir...
Effectivement, il fallait le prendre quelque part comme un compliment
"Aussi motivé que moi" n'est peut être pas le bon repère pour trouver un éditeur, mais manifestement ton texte accroche et ce serait con de le laisser dans un tiroir.
C'est très intéressant, mais encore perfectible. Je pense que tu peux trouver sur ce forum les compétences et la motivation pour critiquer efficacement l'ensemble de ton histoire et la finaliser à un niveau d'exigence supplémentaire.
Maintenant tout dépend de ce que tu veux
Il me semble que sans publier sur le forum, tu peux faire circuler ton texte hors ligne auprès des volontaires après avoir pris le minimum de précautions.
Par exemple, me concernant, je serais intéressé par la totalité du premier tome pour voir si ton texte se tient sur la distance. Si ça continue à me plaire, je suis volontaire pour une revue de détail sur l'ensemble des 4 tomes. Tu n'arriveras pas à un texte de qualité "professionnelle" sur mes seules remarques, je ne suis pas un technicien de la langue, mais en croisant 10, 15 ou 20 lectures critiques de la part de personnes intéressées, ça devrait t'aider à passer à l'étape suivante. J'ajouterai que si tu sors "vivant" d'un feu croisé entre Sheratan, Grenouille et Deidril, alors le résultat pourrait être exceptionnel.
Grenouille semble avoir constitué un pôle d'attraction d'amateurs du verbe et de la fantasy autour de l'histoire de Rekk et il y a maintenant sur ce forum beaucoup d'intervenants de qualité.
Il y a des choses à faire...
Marsh Posté le 21-12-2004 à 11:14:31
je voudrais coller le dessin de la carte de ce petit monde
copier/coller à partir de photoshop marche pas. C omment faire?
Marsh Posté le 21-12-2004 à 11:23:18
Je suis tout à fait dispo pour une correction en profondeur. Et le texte me motive alors :
Y'a plus qu'à...
Marsh Posté le 21-12-2004 à 11:27:11
talbazar a écrit : je voudrais coller le dessin de la carte de ce petit monde |
Faut que tu upload l'image sur un site (ftp) et tu colles le lien ici entre les balises [img]<lien vers l'image>[/img]
Marsh Posté le 20-12-2004 à 13:50:30
A
LA PORTE DES MAUDITS
LE BIEN-COMMUN SE HEURTERA SANS DOUTE
LINITIÉ LELIRA PEUT-ÊTRE
LOCCULTE LA TIRERA SÛREMENT
PREMIÈRE PARTIE
LE SABRE DE LAIGLE
Traduction de lancien dialecte par un scribe anonyme de lIle dAoz.
Premier rajout au livre dArmoud.
(Chroniques païennes du livre dArmoud).
CHAPITRE 1
Le seigneur dUkbar
En ces temps lointains, un improbable et téméraire marin naviguant dans les eaux interdites de la vaste mer dAnyg eût été enthousiasmé en apercevant devant sa proue la majesté du site dOberayan. La citadelle, noyée de brumes, se dressait sur le sommet dune île ceinturée de vastes plages granulées de sable blanc et fin. Assaillie par des centaines de mouettes argentées qui trouvaient asile dans ses rochers fouettés par l'écume, la cité d'Oberayan flottait sur la mer grise comme un gigantesque navire. Le haut donjon du château dUmesh Nader, sélançant très haut dans le ciel opaque, identique au mât dun vaisseau de légende, renforçait encore cette illusion. Derrière lîle, dans le vaste lointain, un mince ruban sale à peine visible indiquait au regard la présence dun gigantesque continent boisé quon appelait la forêt dObyn : notre hypothétique étranger eut dit que le ciel et la mer se rejoignaient à cet endroit précis pour marquer leur frontière respective de la silhouette déchiquetée des grands cèdres. En abordant lîle-citadelle dOberayan, ce navigateur égaré aurait pu s'imaginer accoster un rêve...
Le chevalier Pheder Ursinis ferma la lourde porte en chêne sculpté de la chambre unique quil louait au pied des remparts. Il plaça soigneusement la clé dans sa cache habituelle, entre deux poutres, puis descendit ensuite sans hâte les degrés de pierres usées qui menaient dans la rue. Une pâle lueur éclairait la première heure du jour et la plupart des échoppes étaient encore fermées, pourtant Phéder croisa quand même quelques rares personnes somnolentes, auxquelles il rendit un bonjour machinal et courtois. La convocation du maître darmes Ushidi quil venait de recevoir la veille le troublait. Mal à laise, il leva la tête pour observer le massif donjon du château surplombant la ruelle qui se libérait avec peine du brouillard matinal, comme en témoignait la vaste écharpe vaporeuse attardée à ses créneaux. Une nuée indisciplinée de pigeons prismatiques bataillait le long des hautes murailles. Ramenant contre lui les larges pans de son épaisse cape tissée de laine orange, Pheder sentit lair frais du petit matin le mordre sous sa tunique de soie rose. Il frissonna, mais ce nétait pas seulement de froid...
Le Livre de Moud fixait le nombre dhabitants dOberayan à soixante-dix mille personnes. Ces dernières appliquaient à la lettre chaque prescription du Livre sacré, conservé religieusement dans la crypte des Saints Ancêtres. Car toutes choses résultent de la loi, immuable et éternelle. Le Livre de Moud constituait la loi et la loi disait ceci:
Du sang passé jaillira le sang futur.
La conséquence pratique de cette maxime était le parrainage sacré dun ancien pour chaque enfant à naître. A la naissance de celui-ci, un vieillard se donnait la mort de façon rituelle, pour que lesprit de lancêtre transmette sa protection au nouveau-né. Mis à part le roi, seul de son cas, le maître darmes Ushidi échappait à la règle. Il devait son grand âge à cette autre maxime de Moud :
La paix naît de lexpérience et lexpérience naît de la guerre de Moud.
De loin lhomme le plus vieux de lîle, Ushidi résumait à lui seul les antiques traditions guerrières dOberayan. Isolée du reste du monde, lîle-citadelle vivait en paix depuis dix siècles, époque oubliée où elle triompha du siège que lui fit subir la légendaire armée dAnamaying. On pouvait lire le récit de cette victoire dans la partie historique du livre de Moud, mais plus personne aujourdhui ne croyait encore à lexistence dAnamaying, et il ne sagissait tout au plus pour les gens que dun lieu mythique à la gloire imaginaire. Quarante chevaliers désignés par le maître des armes entretenaient pourtant encore le savoir désormais inutile des coutumes guerrières venues des ancêtres, et la nomination des chevaliers comme lenseignement donnés par Ushidi ne souffraient aucune contradiction. En vérité nul ny songeait une fois élu, car le destin de chevalier sacralisait pour les gens de ce royaume une position hautement honorifique et très convoitée. Pheder, qui dirigeait ses pas à la rencontre du vieux maître se rappelait lui-même ce jour de son enfance où il avait été lui-même élu... :
La constitution physique de lenfant Pheder ne semblait pas lui promettre un tel honneur. Dans ce monde, privé de toute guerre, la jeunesse mâle du pays développait paradoxalement dans ses jeux une indéniable agressivité. Fragile, Pheder perdait toujours lorsquil luttait avec ses camarades, beaucoup plus robustes et vindicatifs que lui. A cette époque, il maudissait souvent son esprit tutélaire, quil rendait responsable de la fragilité de son corps, ployé de honte sous les sarcasmes et les quolibets de ses jeunes assaillants. Mais il navait jamais refusé le moindre défi. Cette attitude peu commune lui avait valu lintérêt du Maître darmes Ushidi.
Tout en marchant, Pheder revoyait avec une précision aiguë ce jour où le maître déjà blanchi par les ans sétait approché du groupe de gosses braillards et belliqueux qui se défiaient constamment dans la cour extérieure du château. Un des jeunes pages nommé Erkall Led, qui travaillait aux écuries, avait entreprit de rosser Pheder avec plus de fougue que nen avait jamais mis aucun de ses adversaires... Les deux chenapans sétaient affronté sur un tas de paille fraîche entassée contre le mur dune grande bâtisse. Pheder, maintenu au sol par cet Erkall Led, résistait de son mieux à une terrible pression exercée sur ses épaules et ses genoux. Saignant du nez, haletant et suffoquant sous la pression brutale exercée sur sa poitrine, Pheder vit son vainqueur entreprendre de parfaire son triomphe... Un filet de salive séchappait des lèvres du garçon roux en direction du visage de Pheder. Fort heureusement ce geste humiliant fut contraint, car la poigne de fer dUshidi avait saisi lautre par le col, épargnant à Pheder une terrible souillure. Considérant ladulte qui le privait de sa victoire facile, Erkall Led avait pris ses jambes à son cou, suivi des autres garçons éberlués de cette intervention anachronique; car les adultes ne se mêlaient jamais des querelles de leurs fils. Le propre père de Pheder neut pas songé une seconde à secourir celui-ci. On laissait dailleurs tout faire aux enfants dOberayan, sauf désobéir à la loi des ancêtres, la Parole de Moud. A la suite de cet incident, Ushidi fit beaucoup plus pour lenfant, car contre toute logique il adouba chevaliers Pheder ainsi quErkall le jour même. Lobéissance aux coutumes, un fait sacré sur Oberayan, impliquait dobéir au maître des combats, et le trahir eut été une conduite impardonnable, sévèrement sanctionnée. Par conséquent, Pheder dût se soumettre et considérer lapprentissage de la guerre comme lessence de sa future éducation, et dès lors, intronisé par le roi lui-même à la «guilde des quarante», il dut se rendre quotidiennement à la salle darmes du château. Sous les hautes voûtes de celle-ci il se familiarisa avec lépée, symbole de son rang, mais aussi avec la lance, larc et la redoutable hache de jet.
Loin dêtre fier de son sort, comme laurait été nimporte qui, Pheder avait le cur déchiré et détestait cette science, dailleurs teintée de beaucoup désotérisme, car comme par le passé il continuait de rouler dans la poussière à chaque corps à corps. Le maître Ushidi ne lui tenait pas rigueur de ses défaites perpétuelles, parce que Pheder appréhendait son enseignement avec tout le sérieux possible et se montrait aux exercices de tir un brillant élève. Sa flèche atteignait toujours sa cible, le javelot traversait toujours le mannequin de paille, la hache brisait une écuelle à cent pas; mais en présence dun adversaire réel Pheder perdait toute velléité de vaincre et lissue des tournois lui était toujours défavorable... Erkall Led, quand à lui, passait son temps à vaincre.
Les années sécoulèrent ainsi, dans la monotonie des jours dentraînement, sans quil eut remporté une seule joute. Il portait lépée, la cape orange des chevaliers, mais nen tirait aucune gloire et restait un garçon taciturne. Il se plongeait des nuits entières dans la lecture du Livre de Moud, de mémoire dhomme le seul livre jamais écrit et lu dans lîle-citadelle. Pheder se promenait aussi pendant de longues heures, solitaire, sur les remparts du château pour scruter la mer immense qui semblait lappeler par son propre nom. Les crises cycliques damertume profonde quil ressentait dans ces funestes instants navaient rien de commun avec le sentiment de sa faiblesse aux jeux guerriers. Il devenait alors le jouet dun mal profond, indéfinissable par des mots, qui ne tenait en rien à son orgueil blessé. Souvent, assis seul sur la plage, il essayait de comprendre, dendiguer par la raison ce sentiment de frustration qui le tenaillait férocement dun tenace étau épisodique. Dans ces instants maudits, une mélancolie têtue semparait de son être et il naurait pu expliquer cette lourdeur étrange qui envahissait sa poitrine, comme si lOberayan, la merveilleuse terre des ancêtres, tentait sournoisement de létouffer.
Aujourdhui, des années plus tard, Pheder marchait vers son rendez-vous avec le vieux maître en se rappelant, rempli de nostalgie, les heures enfuies de sa jeunesse. Il ralentit lallure en passant devant une taverne aux murs peints très récemment de fresques aux couleurs vives, dont le thème principal représentait une scène de pêche mouvementée. De la porte largement ouverte séchappait une appétissante odeur de sardines grillées, il entra pour sasseoir près de lâtre où deux énormes bûches de chêne achevaient de se consumer. Une servante sapprocha en lui rendant son salut; sessuyant dun geste rapide ses mains mouillées sur son tablier. Le chevalier lui commanda deux poissons et un pichet de ce vin excellent que produisaient les vignobles dUkbar. Par louverture dune seconde pièce enfumée il distinguait la servante retournée à présent cuire des galettes de seigle sur une grande plaque de bronze posée sur les braises. Quand Pheder eut terminé son repas, une bonne chaleur affluait dans ses membres, chassant limpression de froid ressentit tout à lheure. Mais, alors que ses lèvres se posait sur le bord du pichet, les images du passé simposèrent une nouvelle fois à lui :
Il entrait dans sa dix septième année et le maître darmes lavait fait mander, exactement comme aujourdhui... Il lavait alors trouvé assis en tailleur sur le parquet ciré de la chambre austère quil occupait près de la salle darme. La porte ogivale se trouvait grande ouverte, ce qui lui évita de frapper. Le visage acéré dUshidi portait déjà les marques de lâge, lesquelles soulignaient chacune de ses expressions dun masque sévère. En tournant la tête vers Pheder il sétait mis à parler de sa voix encore puissante, habituée à commander :
_ «Voici quelque temps, jai changé ta destinée. Sans mon aide tu serais potier, car tu es fils de potier !, mais tu portes le titre honorable de chevalier, Pheder Ursinis !... »
Le maître avait volontairement appuyé la voix sur le nom du jeune homme. Ce dernier ignorait alors ce quallait signifier pour lui lentretien et se contentait de scruter avec une insistance déplacée les doigts noueux dUshidi, lequel lui lançait en parlant son regard de faucon.
- «On peut dire de toi que tu es léternel perdant, Pheder, et je ne te connais pas damis... »
Accompagnant les paroles du maître, la cloche de la crypte des « Saints Ancêtres » sétait mise à sonner. A cet instant, Ushidi sétait levé en époussetant la longue robe jaune quil portait habituellement, comme linsigne le plus évident de son rang :
-_ « Tout est doué de vie, jeune chevalier! Les chevaux, les djinns, les démons, les arbres, les hommes, évidemment, mais aussi la mer, la forêt dObyn, et même les montagnes, les pierres... Toi, aimes tu la vie, Pheder Ursinis ? »
La question nappelait pas de réponse. Ce nétait quune simple mise en condition de lancêtre vivant. Pourtant lincongruité dune telle phrase dans la bouche du chef de guerre heurtait la sensibilité de Pheder. Impressionné, ses genoux sétaient involontairement mis à trembler. Ushidi avait aussitôt enchaîné :
- « Jai bu aux sources vives de nos ancêtres et jai peut-être trouvé le moyen de me mettre en paix avec ce monde. LOeil de Moud tas désigné à moi, chevalier, pour accomplir sa volonté. Tu seras le prochain seigneur du domaine dUkbar...»
Il avait laissé un temps darrêt pour bien faire pénétrer le sens de ses paroles dans lesprit de Pheder, avant de reprendre :
- « Ou tu mourras ! »
Lorsque le chevalier comprit toutes les implications des paroles quil venait dentendre, il ressenti un profond malaise. Il nexistait quun seul domaine dUkbar, seule possession du grand roi Umesh Nader en dehors de lîle-citadelle. Située à quatre heures de marche du rivage, empiétant sur la forêt dObyn, la forteresse et ses terres traçaient les limites du monde connu dOberayan. Le Livre de Moud expliquait quUkbar avait repoussé avec succès les dernières attaques dAnamaying, dans les temps les plus reculés. La charge royale dOberayan était héréditaire mais la possession du fief dUkbar sobtenait selon un rituel immuable et simple, aussi ancien que le Livre sacré lui-même. Il impliquait un combat mortel entre un champion dUkbar et lun des quarante chevaliers de lîle-citadelle. Le maître darmes choisissait seul les deux adversaires. Au-delà des murs dUkbar, sétendait à perte de vue la véritable forêt dObyn, dont nul nétait jamais revenu vivant à ce jour. Aussi, le fait quUshidi ait choisi Pheder pour remplir le rôle du champion dOberayan remplissait le pauvre garçon de terreur...
Toujours assis sur le banc de bois de la taverne, le chevalier finissait le contenu de son pichet, quand il appela la servante pour quelle le remplisse à nouveau. La jolie jeune fille séloigna ensuite pour remettre une nouvelle bûche dans limmense cheminée où de hautes flammes sen emparèrent; crépitant et projetant sur la pierre noircie de lâtre une pluie détoiles éphémères. Un adolescent aux cheveux blonds pénétra dans la pièce, portant devant lui un panier de légumes. Il rejoignit la serveuse dans lautre pièce, échangeant avec elle quelques plaisanteries qui échappèrent à Phéder. Ce dernier, de nouveau seul, laissa ses pensées reprendre leur cours. Lalcool agissait dans son cerveau et les paroles dUshidi résonnaient dans sa tête avec la même force quautrefois :
- «Seul un des deux champions désignés par moi gagnera la clé du château dUkbar! avait dit Ushidi. Le valeureux Arbam Nok qui la tenait jusquà présent vient de sacrifier à Moud son vieux corps, et je connais déjà celui contre qui tu devras te battre, par la hache et lépée... »
Entendant ces mots, le corps adolescent de Pheder sétait secoué de spasmes invisibles quil sétait efforcé de contenir. Le maître qui semblait navoir rien vu avait repris :
- «Ce jour même jenvoie une délégation pour informer Ukbar de mon choix. En vérité, tu vaincras, cette fois, Pheder Ursinis, où tu perdras ta vie! »
Tout avait été dit. Alors un homme, que Pheder dans son trouble navait pas vu venir, sétait approché sur un signe du maître, qui parlait toujours à Pheder :
- «Tu as trois jours pour connaître la peur, chevalier, cet homme les passera avec toi jours et nuits. »
Pheder occupa le reste de cette funeste journée dautrefois avec ses compagnons, dont aucun ne commenta le choix du maître. Mais tous pensaient que Moud accablait Pheder dun sort cruel, tous unanimement convaincus de sa mort prochaine. Même lenjeu du duel, le trône dUkbar, ne rendait pas jaloux les plus ambitieux. Toutefois, pour une étrange raison, Pheder ne ressentait aucune peur, et lentraînement quil effectua pendant ces trois jours fut un des plus radieux quil eut jamais connu. Cest à peine inquiet quil se rendit au matin du troisième jour chez Ioginos, le forgeron, pour y faire affûter son épée. Il était animé dun étrange sentiment de libération, navait-il pas plusieurs fois appelé la mort sur sa tête au cours de ses funestes crises?
Au moment où ses camarades émus lui sanglèrent sur le corps son armure, une sorte de solide corset de cuir clouté, il remercia Moud davoir fait fuir toute crainte en lui. Le roi Umesh Nader était venu la veille lassister dans ses prières. Il avait remit lui-même ses cadeaux : le grand bouclier de bronze et le casque à ailette que ceignaient les champions. Lécu un peu trop lourd pour le bras de Pheder, sornait de laigle rouge, symbole immémorial dOberayan. Le combat devait se dérouler sur la plus grande plage de lîle où lon avait tracé sur le sable un large cercle à lintérieur duquel les armes allaient parler. Il était interdit aux concurrents de franchir ce périmètre. Au pied du mur denceinte de la cité, des gradins avaient été dressés à la hâte. Disséminés sur ceux-ci une foule houleuse sagitait, hypnotisée par la perspective dassister à une lutte qui exigeait la mort du vaincu. Le roi Umesh Nader, la reine Kalash et ses dames dhonneur, trônaient ensemble sous un dais dhonneur cramoisi situé en face du cercle rituel. Celui-ci se dessinait clairement sur une portion de plage découverte par la marée mais, située en deçà de la zone destran, elle finirait par être inondée. Le combat devait sachever impérativement avant que le cercle ne soit effacé par les eaux. Ainsi décidait Moud. Sur cette grève en habit de fête, apparurent enfin les juges diseurs, les porte-bannières des deux camps, le maréchal, les connétables et les guildes. Le chevalier Pheder sétait avancé au milieu du rond, la hache à la main. Cest au moment précis où son adversaire vint à sa rencontre que Pheder connu un sentiment de panique : une femme savançait vers lui, la hache brandie. Elle faisait partie de la terrible garde damazones du domaine dUkbar. Son allure effrayante annonçait la lutte et une farouche détermination se devinait dans son regard, celle de prendre au plus vite la vie de Pheder. Son armement, le même que celui du jeune chevalier, navait pour seule différence dêtre orné sur lécu dune feuille de trèfle, ralliement du fief dUkbar. La femme, surentraînée et prête à tuer, possédait une musculature qui dépassait presque celle de Pheder. Il prévoyait quelle serait redoutable.
Lintrospection sarrêta là car la hache de lamazone arrivait en sifflant vers son visage. Dinstinct, Pheder releva son bouclier qui résonna violemment et se plia sous le tranchant de la lame. Sous le coup, le bord de lécu avait heurté violemment son front, en le faisant saigner abondamment. Sonné, aveuglé par son propre sang, Pheder se releva sans contre-attaquer pour reculer vers le bord du cercle, décontenancé par une attaque aussi soudaine. Sans le quitter un seul instant des yeux, lamazone alla reprendre sa hache, ébréchée par le choc. Un instant muettes, les crécelles dOberayan répondirent au vacarme des partisans dUkbar. Alors Pheder saisit sa chance en bondissant sur la femme, dont la souplesse savérait incroyable malgré le poids du fer quelle portait. Celle-ci esquiva en parant le coup facilement; sa hache rencontra celle de Pheder en lui faisant lâcher prise. Le jeune homme recula prestement, échappant à la mort, puis il tira vivement son épée du fourreau. Le contact de la longue lame le rassura un instant, pendant quun étrange phénomène prenait naissance dans son esprit. Il voulait vivre. Quelquun, très loin, semblait le vouloir. Moud était la force et Moud était en lui. lénergie multipliée par cette transcendance, il sélança sur la championne dUkbar lépée en avant. Le cri qui séchappa de la gorge du chevalier navait rien dhumain; cela semblait la propre voix de Moud, quand il avait, dans les temps révolus de lhistoire du monde, vaincu sa puissante rivale, Ar dAnamaying. La vigueur inimaginable de ce cri pourtant bref eut sur lamazone leffet dun fouet. Paralysée par la vibration surnaturelle elle ne put réagir et la lame de Pheder pénétra sa gorge en la traversant de part en part. Elle mourut avant de toucher le sol.
« Le silence qui suivit put sentendre ». Ainsi déclara Ushidi à Phéder le lendemain de sa victoire qui privait le domaine dUkbar dune amazone sur son trône. Mais Pheder neut pas le souvenir des heures qui suivirent. Il avait perdu trop de sang de sa blessure et sétait écroulé, épuisé, sur sa victime presque aussi mort quelle.
Moud ne vous donne pas sa force sans prendre la vôtre
Nétait-ce pas écrit dans le livre ?