Avis sur un debut de roman - Arts & Lecture - Discussions
Marsh Posté le 15-08-2010 à 21:58:50
ReplyMarsh Posté le 16-08-2010 à 10:36:57
FireandIce a écrit : ... Allez savoir pourquoi ! Je les avais toujours détester... |
mon avis de lecteur "lambda" :
sur la forme : pas grand chose à reprocher.agréable à lire, bien rytmé,un style certain.quelques fautes de conjugaisons mineures (quelques-unes en citation ci-dessus ), rien de grave.
sur le fonds : une réflexion philo sympa en prologue et un chapitre premier plutôt banal, voir ennuyeux, mais trop court je pense pour s'en faire une idée pertinente.
conclusion provisoire sur la "matière" proposée : tu sembles avoir de bonnes dispositions pour mettre en forme un texte et capter l'attention d'un lecteur potentiel.
Marsh Posté le 16-08-2010 à 15:15:05
Merci beaucoup pour vos réponses =) Lesorceleur, est-ce que je pourrais te demander de me donner un avis sur la suite de ce passage ? Ca m'aide beaucoup d'avoir des avis, pour m'aider à améliorer ce que j'écris
Marsh Posté le 16-08-2010 à 15:36:38
FireandIce a écrit : Merci beaucoup pour vos réponses =) Lesorceleur, est-ce que je pourrais te demander de me donner un avis sur la suite de ce passage ? Ca m'aide beaucoup d'avoir des avis, pour m'aider à améliorer ce que j'écris |
oui bien sûr, je veux bien donner un avis.
fais attention tout de même : ce ne sera que MON avis.
j'essaie d'être honnête, mais comme tout avis, ce sera toujours plus ou moins subjectif (je ne suis pas forçément assez critique ou inversement).
Marsh Posté le 16-08-2010 à 16:22:22
D'accord merci beaucoup =) Je posterai petit a petit en tout cas. Je poste la suite derrière ce message.
Marsh Posté le 16-08-2010 à 16:23:13
Un petit tour ?
Je souris. Je n'avais pas du faire de balançoire depuis mes sept ans. A une époque, nous en faisions tout le temps, Anthony et moi. Nous en avions installé une sur l'une des branches du grand chêne, dans le jardin. Je nous revoyais comme si c'était hier. Lui se plaçant derrière moi pour me pousser, moi hurlant que je voulais « aller plus haut pour toucher les branches». Mes souvenirs s'évaporèrent lorsqu'un vent froid vint hérisser ma peau en même temps que le souffle chaud et étrangement régulier du jeune homme parcourait mon cou. Je forçais mes paupières a se rouvrirent, luttant contre l'envie de les garder fermées. Tout était flou a nouveau. La maison n'était devenue plus qu'une ombre difforme, les couleurs verdâtres des plaines se confondaient sans peine avec celles de l'eau grisâtre. Tout se mélangeait au fur et a mesure. Je baissais les yeux doucement et constatait que son
bras gauche enserrait toujours fermement ma taille tandis que le droit était encore tendu devant lui en direction de la vielle bâtisse. Il attendait ma réponse. Je tourna la tête, trop vite peut-être, pour apercevoir son visage. Mais tout dans ma vision devenait étrange. C'était comme si un voile fin avait soudainement prit possession de mes yeux, et dans le flou total, je ne pu discerner que le petit sourire figé qui étirait ses lèvres fines. Le peu de raison qui subsistait encore en moi me disait que je devais rentrer. On devait se demander ou j'étais passé. Mon frère surtout.
Il est tard. Mon frère va s'inquiéter.
Je sentis sa bouche se coller à mon oreille lorsqu'il me répondit, son souffle à la fois chaud et humide parcourant chaque recoin de ma nuque, faisant naître d'innombrables frissons a la base de mon cou.
Pas si nous ne tardons pas.
Je cédais et hochais la tête en guise de réponse.
D'accord, soufflais-je dans un murmure a peine audible.
Il du m'entendre parce qu'il recommença a marcher, m'entrainant dans chacun de ses pas, moi appuyée contre lui, un bras passé dans son dos. Nous nous rapprochions du jardin, je le sentais. Les herbes devenaient plus hautes et il m'était de plus en plus difficile de faire un pas sans trébucher. Ma tête se mettait à tourner à chaque fois que je faisais une maigre tentative pour observer les lieux de plus près, à tel point que je finis par laisser la fatigue et l'alcool me submerger un peu plus. Son bras s'écarta de moi l'espace d'un instant je crois. Je m'étais sentie vaciller sur mes deux pieds lorsque plus rien ne m'avait retenue à lui. Et puis je compris qu'il avait poussé le petit portail seulement lorsque j'entendis les bruissements des feuilles puis le bois gémir.
Une main, sa main, se présenta devant moi. Je l'a regardais quelques secondes, hébétée, ne sachant pas trop ce que je devais en faire. Je ne sais pas combien de temps il attendit, ni s'il attendit ne serait-ce que quelques secondes, mais sa main glissa doucement dans la mienne et je me laissa guider jusqu'à ce que l'on atteigne la balançoire. Bien que je n'en sois pas certaine, elle semblait suspendue a un arbre. Je la jaugeais du regard. Une petite planche en bois, soutenue par deux cordes. Elle me paraissait bien trop haute pour moi. J'entendis un petit rire émerger d'entre ses lèvres alors qu'il s'approchait de moi. Ses bras entourèrent ma taille lorsqu'il me souleva pour m'asseoir sur la balançoire et puis se fut ses mains qui se déposèrent sur les miennes, les serrant avec précaution autour des cordes usées. La balançoire gémit lorsqu'il commença d'abord a pousser doucement puis plus fort jusqu'à ce qu'elle décrive un arc de cercle presque parfait. Je laissais ma tête peser lourdement contre la corde, laissant mes cheveux voler au vent, les yeux fermés par intermittence alors que quelques souvenirs lointains me revenaient en mémoire. Anthony et moi dans notre jardin, lui riant aux éclats alors qu'il poussait la balançoire toujours plus en avant et que je le suppliais d'arrêter, proclamant en même temps des menaces alors que je savais très bien que je ne pourrais jamais les lui infliger. Je me revoyais me jeter sur lui dés que la balançoire avait cessé ses allers et venues. Je nous revoyais chahuter dans l'herbe jusqu'à ce que quelqu'un nous dise de nous calmer. Mes yeux se rouvrirent lorsque le mouvement de balançoire cessa, faisant taire les gémissements des cordes qui s'étaient fait bruyants.
Mais tout était très différent maintenant. Le silence s'était installé. Je ne percevais plus rien. Ni les vagues qui venaient s'abattre contre les rochers, ni les bourdonnements de la fête foraine, ni les cris lointains, ni les bruits de ma propre respiration, ni le signe d'une quelconque vie autour de moi. Rien à part le silence. Il y avait quelque chose d'étrange et d'effrayant dans cette absence de bruits. Comme si tout s'était arrêté brusquement. Une humidité omniprésente régnait aussi autour de moi. Je la sentais sur ma peau, sur mes vêtements. Je tournais la tête, sentis immédiatement les tournoiements reprendre leurs rôles alors que mes yeux s'agitaient en tout sens en le cherchant. Et puis je le vis. Il était là. Juste derrière la balançoire, immobile, dos à moi. Il ne bougeait pas. Aucuns sons n'étaient sortis de sa bouche. Il semblait juste...attendre quelque chose. Prudemment, je descendis de la petite balançoire, tout en maintenant une corde dans l'une de mes mains, de peur de me retrouver a terre, incapable de me relever. L'obscurité qui l'entourait et ma vision de plus en plus trouble au fil des minutes m'empêchait de le détailler clairement. Mais il était bien là. Sa veste marron-ocre dos à moi, les bras tendus le long du corps, les jambes raides. Une capuche sombre qui ne me permettait pas de distinguer la moindre petite parcelle de son visage. Pourtant je le connaissais hein ? Pourquoi je n'arrivais pas à me souvenir de son visage ?! J'avais passé la soirée avec lui bon sang ! Je devrais m'en rappeler ! J'avais discuté avec lui, bu avec lui, nous venions sans doute de marcher des heures ensemble mais … seul son sourire me revenait en mémoire. Lâchant la corde, je tanguais sur mes pieds quelques infimes secondes avant de retrouver un équilibre. Je fis un pas incertain vers lui. Puis un deuxième. Et un troisième. J'étais suffisamment près pour le toucher. En tremblant, je tendis le bras, frôlant le sien de la paume de la main. J'arrêtai mon geste lorsqu'il y eut un bruissement dans les arbres, seul bruit qui vint briser le silence du crépuscule
Marsh Posté le 16-08-2010 à 16:58:35
FireandIce a écrit : Un petit tour ? |
la forme : pareil, ça se lit bien.fluide, bien écrit (avec de légères fautes, tu n'aimes pas la première personne du passé simple apparemment !).
j'ai barré un mot dans une phrase pour l'alléger : je pense que c'est tout aussi compréhensible et cela "sonne" mieux (non?)
pour cette histoire de voile devant les yeux, je vois ce que tu veux dire, mais c'est un peu maladroitement tourné je trouve : fais plus simple !
le fonds : je n'ai pas été "transporté" par la banalité des évènements relatés !
la fin du texte est plus mystérieuse et éveille donc la curiosité.
Marsh Posté le 26-08-2010 à 22:14:42
Pardon pour le retard, j'ai du partir quelques jours :S Merci pour ton avis en tout cas =) Je vais essayer d'en prendre note comme toujours. Juste une question : Que penses-tu des personnages ?
Marsh Posté le 27-08-2010 à 00:39:07
lorie54240 a écrit : bravo continue comme ça ! personellement j'adore allez bonne continuation. |
Marsh Posté le 27-08-2010 à 00:40:50
ReplyMarsh Posté le 27-08-2010 à 00:53:00
FireandIce a écrit : BoraBora, j'avoues que je comprends pas toute l'utilité de ton commentaire O_o |
Que tu aies créé un multi pour t'auto-féliciter me fait rire. Il n'y a rien d'autre à comprendre.
Marsh Posté le 27-08-2010 à 00:56:10
Pardon ? J'ai pas de multi compte si c'est ca dont tu parle ! O_o Je suis pas assez conne pour me parler a moi même et j'ai pas de double personnalité. Mais si ça peut te faire plaisir de mettre des commentaires comme ça, j'espère au moins que tu t'éclates. J'ai pas de temps a perdre avec des commentaires comme ça, désolée.
Marsh Posté le 18-09-2010 à 22:04:49
FireandIce a écrit : Bonjour a tous ! |
Mets des scènes porno surtout, c'est ce qui fait le succès de Stefane King.
Bon bah si je finis ton roman, je partage pas les droits d'auteur moi
Marsh Posté le 19-09-2010 à 22:54:41
C'est ca, viens me parler de droits d'auteur ... n'importe quoi ! Surtout que j'ai deja une copie de mon début ! xD
Marsh Posté le 08-08-2010 à 02:58:20
Bonjour a tous !
Je suis en projet de roman actuellement, je viens a peine de le commencer et j'aimerais avoir quelques avis sur ce début. Je vous présente alors mon prologue et le début du chapitre 1. Bonne lecture et merci d'avance pour vos commentaires ! =)
“ Nous vivons dans un océan de faux-semblants, de réponses évasives, d’échappatoires. La vérité, pour survivre, doit se hausser sur la pointe des pieds “ Lisa Rochambeau - Lapierre.
Prologue
Journal
19 Février 2010,
Je ne sais pas pourquoi je me mets à écrire aujourd’hui. Je me surprends à coucher ces quelques lignes sur le papier sans réfléchir, sans songer un instant à la raison pour laquelle je le fais. Je vois les lettres se succéder les unes aux autres, formant des mots dont la signification même m’échappe. Ils s’alignent d’une façon naturelle, comme des notes sur du papier à musique et pourtant Dieu sait que je n’ai jamais eu de dons pour l’écriture ! Mais me voilà , moi, à exprimer mes sentiments dans un journal dont la plupart des feuilles ont étés jaunies par le temps. Je l’ai trouvé dans un de ces vieux tiroirs que je n’ouvre jamais. M’en servir m’a paru être une bonne idée. Cela faisait des mois que le médecin m‘avait conseillé de le faire, il disait que cela pourrait m’aider. Je ne l’avais jamais fait. Vous savez, on dit toujours qu’il y a une raison à tout. Et je crois comprendre la raison pour laquelle je me retrouve ici aujourd’hui, à écrire dans ce vieux journal. Aujourd’hui est un jour particulier et je crois que j’avais juste besoin de parler à quelqu’un, histoire de briser le silence le temps de quelques minutes.
On m’a souvent dit que le temps semblait ne pas avoir de signification pour moi. C’est sans doute vrai. On dit que certaines personnes considèrent le temps comme une flèche, d’autres comme un cercle. En ce qui me concerne, j’ai beau considérer que la vie a en tout et pour tout un début et une fin, ma vie ressemble davantage a un cercle, c’est comme si mon esprit revenait inlassablement aux mêmes évènements, ceux-là même qui m’ont fait devenir qui je suis aujourd’hui. Et ce quoi que je fasses. C’est un peu comme ces disques rayés. Vous avez beau essayer de redémarrer la chanson, elle s’arrêtera toujours au même endroit et répètera toujours le même morceau. Et ce jusqu’à ce que vous appuyiez sur “stop”.
Il y a quelques jours, mon médecin est venu me voir, comme tous les samedis. “ Vous savez, vous devriez partir un peu” m’a-t-il conseillé. “ Vous éloigner quelques temps”. Pour la première fois depuis longtemps, je l’ai écouté. J’ai fait ce qu’on voulait que je fasse, bien que revenir ici n’était peut-être pas la solution idéale souhaitée. Cela faisait plus de trois ans que je n’avais pas remis les pieds ici. Pourtant, j’ai l’impression que mon esprit n’était jamais parti. Je me souviens de chaque chose présente comme si c’était hier, je revois chacun des évènements qui se sont déroulés ici. J’ai tout de suite remarqué à quel point le temps s’est abattu sur les choses, sur les maisons, sur les rochers, sur les personnes encore présentes. Le temps à passé, oui, mais les souvenirs restent.
Vous savez, c’est exactement comme quand vous retournez dans un endroit que vous avez longtemps fréquenté, après avoir passer des années sans y avoir remis les pieds. Un parc par exemple. Vous revoyez ces vieux chênes border l’entrée, ce vieux banc en bois qui déjà dans vos souvenirs menaçait de s’écrouler. Vous revoyez cette cours ou vous avez passé du temps lorsque vous étiez enfant, à imaginer toutes sortes d’histoires, les plus folles les unes que les autres. Et puis vous vous rendez compte à quel point le temps a fait son œuvre. Certaines choses demeurent, d’autres ont évoluées, d’autres encore ont complètement disparues. Mais le plus terrible dans tout ca, ce n’est pas de voir combien les choses ont changées, c’est de voir combien elles ont évoluées sans vous, combien les choses ont continuées d’exister sans la moindre trace de votre passage. Rien n’indique que vous soyez passé par là un jour, rien n‘indique que vous ayez ri, pleurer, que vous vous soyez mis en colère ici peut-être. Vous observez des gens sur ce vieux banc en bois, celui là même ou vous avez passé des heures à discuter de tout et de rien. Ils discutent eux aussi, peu importe de quoi. Ils discutent sereinement sur ce banc, sans avoir conscience de toutes les discutions qui ont pu l’animer depuis qu’il existe. Et puis vous êtes là, à reconstituer vos propres souvenirs parce que vous seul avez la preuve que ca a bien existé.
Quoi qu’il en soit, je n’écris pas aujourd’hui pour me persuader que je vais bien, ni pour tenter de faire paraître ma vie telle qu’elle n’est pas. Et encore moins pour m’essayer à une sorte de philosophie étrange. Non. Mais l’écriture est sans doute la dernière chose qu’il me reste. Parce que j’ai tout essayé avant ca. J’ai essayé d’aller au cinéma, de recommencer a parler à des gens, de faire des choses qui sortaient de l’ordinaire. Mais à quoi bon passer son temps à essayer de trouver des activités originales susceptibles de vous occuper l’esprit si vous n’êtes pas capables de faire quelque chose de banal hein ? L’autre jour, je me suis surpris moi-même à rentrer dans l’appartement avec des sacs pleins les mains. Oh bien sûr, quand j’y repense, je me revois en train de sortir, marcher dans la rue jusqu’au magasin voisin. Mais si j’ai croisé quelqu’un, je ne pourrais pas vous dire quelle a été ma réaction. Je l’ai peut-être tout simplement ignoré ou bien peut-être qu’au contraire, j’ai pris le temps de m’arrêter pour lui parler mais si nous avons engagé une quelconque conversation, je ne sais plus ce que nous nous sommes dit. Je me revois vaguement rentrer jusqu’à l’appartement d’un pas mesuré, posé les sacs sur le palier une fois ce dernier dépassé. Mais lorsque je regarde ces sacs, remplis de toute évidence, je ne sais pas ce qu’ils contiennent. Je ne sais pas si j’avais besoin de quelque chose, de nourriture, de vêtements ou juste de produits d’entretiens.
Je pose mon stylo quelques minutes et mes réflexions cessent elles-aussi. Je laisse mon regard s’étendre au-delà de la baie vitrée. Dehors, il pleut à torrents. Les arbustes, les rares qui poussent encore ici , plient sous la force du vent, qui semble prendre un malin plaisir à tout dévaster sur son passage. Bien sûr, il n’y a personne à l’extérieur. Ni sur terre ni sur mer. Personne n’est assez fou pour braver un temps pareil. Même les pêcheurs les plus intrépides n’ont pas pris le risque d’affronter les rafales de vents et de pluie. Mon retour ici n’a fait que raviver encore plus les souvenirs. Chaque nouvelle chose que je revois est une nouvelle pièce qui s’assemble au grand puzzle qu’est ma mémoire. Et comme dans ce parc, je prends aussi conscience de tous les changements qui sont survenus ici.
Lorsque je croise des gens, je me rends compte que certaines personnes sont parties alors que d’autres sont restées, rattachées à cet endroit pour une raison que j’ignore. Et puis je rencontre des visages inconnus. Nouveaux. A une période, je connaissais tout le monde ici. Je savais qui habitait cette maison là, la dernière sur la gauche. Je savais que cette femme avait deux enfants, une fille et un garçon dont le père avait disparu lors d’un accident en mer. Je savais que le voisin de cette femme rêvait secrètement de vivre en ville mais qu’il demeurait ici par amour pour sa tendre épouse. Je connaissais chacun d’eux comme ma propre famille. Mais cette année là, l’année 2007, j’ai découvert quelque chose : vous pensez connaître les gens mais vous ne les connaissez pas.
Vous pensez tout savoir d’eux, vous pensez que rien ne pourrait vous étonner, que vous les connaissez tellement par cœur que vous pourriez mettre prétendre savoir ce qu’ils feront demain ou ce qu’ils diront la minute suivante si tel ou tel évènement surviendrait, là, maintenant. Mais vous vous trompez. Ils entrent dans votre vie un jour, peu importe qu’il s’agisse du destin ou du hasard et puis vous vous mettez a partager une multitude de choses. Vous apprenez a vous connaître, vous parlez de la pluie et du beau temps, de vos projets d’avenirs, de ce qui vous rend triste, de ce qui vous rend heureux et puis vous vous faites confiance. Mais pouvez-vous affirmer sans hésitation aucunes que vous les connaissez vraiment ? Peu importe ce que vous croyez savoir, peu importe ce que vous avez entendu. Vous ne connaissez rien ni personne.
Quand j’y pense, pouvons-nous seulement dire que nous nous connaissons nous-mêmes ? Pourriez-vous affirmer que vous maitrisez chaque partie de vous, peu importe qu’il s’agisse d’une bonne ou d’une mauvaise facette ? Je ne crois pas. Je crois que nous nous découvrons chaque jour un peu plus. Nous prenons conscience d’une chose, puis d’une autre et nous décidons de les modifier ou non. C’Est-ce qui fait notre force et sans doute ce qui fait aussi notre perte.
CHAPITRE 1 DEBUT
Une forte odeur marine émanant de l'autre côté des falaises. Mélange âcre de sel et d'algues. Le bruit des vagues s'écrasant contre les rochers. Tout se mélangeait dans ma tête tandis que les bruits assourdissants de la fête foraine résonnaient inlassablement entre mes deux oreilles. J'entendais encore le tintement des cymbales lorsqu'elles s'entrechoquaient entre elles, les hurlements et les rires des enfants, les crépitements des feux d'artifices... Ces bruits résonnaient dans mon crâne en une valse à la fois lente et désorganisée. C'était comme si je portais un casque insonorisant sur la tête, atténuant tous les bruits autour de moi. Et puis il y avait cette sensation de vide a l'intérieur de moi, me rendant de plus en plus incapable de différencier tous ces petits bruits qui commençaient a ne devenir plus qu'un effroyable brouhaha, dans lequel plus rien n'avait de sens. Les tournoiements dans ma tête avaient cessés pour laisser place lentement à un vide incroyablement protecteur, dans lequel je me sentais en sécurité.
Nous allions bientôt arriver quelque part. Je le savais. Bien que mon esprit trop confus refusait par tous les moyens de me dire ou nous nous dirigions. Tête baissée, je contemplais le sol depuis que nous étions parti, forçant mes yeux à ne pas céder à la fatigue qui, désormais, semblait envahir la moindre parcelle de mon corps. Mes yeux s'ouvrirent doucement et je vis ma main gauche dans la sienne, nos doigts liés d'une étrange façon, alors que ma main droite était agrippée a sa chemise marron clair. Bras tendu derrière lui pour me soutenir, il m'entrainait en avant et je tâchais de le suivre, mes pieds avançant comme par miracle, faisant un pas et encore un autre sans que je ne fasse aucuns efforts semblait-il.
Nous venions de quitter cette fête je crois, avec toutes ces choses étranges autour de nous. Ces tambours, ces miroirs déformants qui ne donnaient plus aucuns sens à la réalité, ces enfants. Ils avaient criés sans cesse. C'était exaspérant. Je crois qu'il y avait même des hommes déguisés. Ils portaient des espèces de costume amples, blancs et rouges. Un chapeau parsemé de clochettes, qui tintaient au moindre de leur pas, et qui dissimulait en partie une perruque orange toute frisée. Des clowns en bref. Maaaais ! Allez savoir pourquoi ! Je les avais toujours détester.
Je sentis trop tard mon pied buter contre un petit rocher sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour l'éviter. Sa main quitta la mienne, se resserrant autour de mon bras pour m'empêcher de tomber tête la première. Je l'en remerciait silencieusement. Je releva la tête, rendant floues les dernières choses qui ne l'étaient pas encore totalement. Mon Dieu. Anthony allait me reprocher d'avoir bu dés que je rentrerais, mieux encore, dés que je passerais la porte. Il disait toujours que je n'avais aucune résistance a l'alcool. Pff ! Il s'inquiétait trop pour moi. Il avait toujours été comme ca. Il disait que c'était son rôle. Qu'il veillerait toujours sur moi. Que je devais faire attention. Bah !Il me le pardonnerait. Il me pardonnait toujours tout. Et puis quoi, j'étais sa petite soeur, nooon ? Si. Alors il ne m'en voudrait pas longtemps. Je força mes yeux a s'ouvrir un peu plus afin d'observer la ou nous nous trouvions. Une brume commençait a s'étendre sur toute l'étendue des falaises. Des falaises ? Pourquoi allions nous par la ?
Je ne sais plus vraiment comment ni pourquoi nous étions en train de marcher, ni même si nous nous étions mis d'accord pour nous rendre dans cet endroit. Quand au souvenir exact de notre rencontre... ca me paraissait loin, bien trop bien. Seul quelques souvenirs parvenaient encore jusqu'à mon esprit confus. Mais au fond, tout ca n'avait pas la moindre importance. Parce qu'il avait été là, là parmi la foule. Nous nous étions parlé autour d'un verre il me semble. Une musique assourdissante tourbillonnait autour de nous, les gens hurlaient leur commande au type qui tenait le stand de boissons et les enfants criaient eux aussi pour refaire un tour de manège ou pour réclamer une glace. Un type, plusieurs peut-être, m'avait bousculé en passant. Lui était derrière moi, je sentais son souffle juste derrière ma nuque lorsqu'il se rapprochait suffisamment de moi pour laisser passer des gens qui s'impatientaient derrière nous. J'avais senti son parfum légèrement sucré, mélange étrange de fruits, de vanille et de miel. Ce parfum là même que je sentais encore, voletant autour de moi tandis que je mettais toute ma bonne volonté pour parvenir encore a marcher derrière lui sans trébucher. Et puis il s'était penché pour me murmurer quelque chose à l'oreille, je ne me souviens plus quoi, et nous avions ri tous les deux. Il s'était éloigné de moi. J'avais voulu le retenir. Je n'eus pas à le faire. Sa main avait glissé sur mon poignet dans un geste délicat. Invitation silencieuse pour que je le suive. Et puis... et puis je ne sais plus. Nous avons discuter, bu, discuter, bu, discuter, bu et maintenant je me retrouvais là, derrière lui. Je ne crois pas l'avoir entendu prononcer un seul mot depuis notre départ. Je le suivais c'est tout. Dans le silence le plus total. Ca ne me dérangeait pas.
Je trébucha une énième fois contre un rocher. Je ne savais même pas par quel miracle je tenais encore debout. Ma tête semblait sur le point d'exploser, mes yeux se fermaient de plus en plus régulièrement et pourtant je continuais de marcher. Marcher... Pour aller ou ? Mes jambes cédèrent sous moi et je me retrouvais mi-assise sur le sol. Il ne lâcha mon bras que lorsque je fus réellement assise par terre, comme s'il craignait que je ne me blesse. J'observai les alentours pour savoir a quoi ressemblait l'endroit dans lequel nous nous enfoncions toujours plus loin. Il n'y avait rien d'autre autour de nous que de petits arbustes et quelques hautes herbes. Il y avait des plaines aussi je crois. Des plaines qui semblaient s'étendre a l'infini. Et puis il y avait lui. Lui et sa pâle silhouette qui se détachait du rideau d'arbres que le crépuscule estival rendait bleu-vert. Je forçais mes yeux a éclaircir ma vision pour le voir. Il était dos a moi. Il portait un jean et une veste marron-ocre si mes yeux ne me trompait pas.
« Viens ». Sa voix parvint jusqu'à mes oreilles comme un murmure en même temps qu'il s'approchait de moi. J'entrepris de me relever seule mais je sentis immédiatement son bras s'enrouler autour de ma taille. Dans ce qui sembla durer un quart de seconde, je me retrouvais debout, blottie contre lui, ma main dans son dos, agrippant sa veste pour ne pas tomber. Il m'entraina en avant sans dire un mot. Je le suivais, les yeux a moitié fermés, les rouvrant de temps a autre. Je compris que nous étions arrivés que lorsque je pris conscience que nous ne bougions plus et que je sentis son souffle chaud sur mon cou lorsqu'il se pencha vers moi. J'entendais le bruit des vagues juste a côté de nous deux aussi. Pourtant, c'était un bruit lointain. Nous étions sur l'une des falaises qui bordaient l'île, j'en étais certaine. Anthony m'avait toujours emmener dans des endroits comme celui la quand nous étions plus jeunes. Je les reconnaitrais les yeux fermés. J'ouvris les yeux. Il tendait son bras droit devant lui, me désignant quelque chose du doigt. Je suivis son regard. Nous étions au sommet d'une des falaises, je voyais les rochers a quelques mètres de là ou nous nous trouvions. Sur notre droite, il y avait les ruines d'une vielle maison abandonnée. Nous pouvions aisément la voir depuis l'autre coté. Elle dominait toute l'île en dehors du phare. Même si la maison ne ressemblait plus qu'a des vielles planches en bois maintenant, le jardin était resté presque intact. Seul des arbustes et des hautes herbes avaient poussé entre les barrières en bois qui clôturaient autrefois le jardin. Plus rien n'était entretenu ici. Personne ne s'en souciait. Il demeurait une chose malgré tout : une petite balançoire qui trônait au milieu des herbes hautes. Il se pencha davantage pour me murmurer quelque chose l'oreille.
-Un petit tour ?